Parrot ou comment devenir leader mondial des drones civils

Née dans les technologies sans fil, l’entreprise parisienne a conquis avec succès le marché des drones civils, au point de filialiser aujourd’hui cette activité

Le français Parrot a vendu plus d’un million et demi de drones depuis 2010 ! Son activité en la matière est si bouillonnante que l’entreprise, qui s’est fait un nom avec des systèmes sans fil (pour l’automobile, les casques audio…), se prépare à filialiser en ce mois de novembre son secteur drones. Ce métier représente en effet aujourd’hui plus de la moitié du CA de 240 M€ de l’entreprise parisienne fondée en 1994 et qui compte pas moins de 900 personnes. Cette filiale exercera non seulement dans le domaine du jouet, marché initial de Parrot, mais aussi dans les applications professionnelles et dans les services.

L’aventure des drones chez Parrot est typique du cheminement d’une innovation qui invente un marché, avec ce que cela comporte de hasard, de vision et de capacité à saisir rapidement les opportunités.

L’activité est née lorsqu’Henri Seydoux, le patron et l’un des cofondateurs de Parrot, souhaitant mettre à profit son savoir-faire dans le sans-fil, a choisi de se lancer dans les jouets. Contre tous les avis, il a misé sur les drones. Personne n’imaginait alors un marché viable pour ce type d’appareil. En est issu un produit, présenté en 2010, qui visait une utilisation en lien avec un jeu vidéo. Une idée qui n’a pas convaincu les accros du jeu vidéo…

En revanche, Parrot s’est vite aperçu du véritable potentiel de son drone. Ce quadricoptère avait été conçu pour être mis entre toutes les mains. Il était donc peu cher, très stable, très facile à piloter et, pour les besoins du jeu, muni d’une caméra. Un drone capable de réaliser des photos et des vidéos ? C’était exactement le « jouet » que tout le monde attendait ! Très vite Parrot a donc agrandi la famille. En 2012, un nouveau modèle était doté d’une caméra HD. En 2014, d’une caméra stabilisée. Il y en a aujourd’hui toute une gamme s’étendant de 99 à 499 euros. Et il existe même des minidrones qui se contentent de déplacer sur le sol en roulant et d’autres qui voguent sur l’eau ! Tous sont commandés par un smartphone. Tous sont munis d’une caméra.

La capacité de l’entreprise à se repositionner rapidement sur un marché porteur n’a eu d’égale que sa vitesse à franchir une nouvelle étape, celle des produits « professionnels ». En 2012, elle rachète pour six millions d’euros deux start-up suisses créées au sein de l’école polytechnique fédérale de Lausanne. L’une, Sensefly, conçoit des drones avancés, pour l’agriculture notamment. L’autre, Pix 4D, a mis au point un algorithme transformant des prises de vue aériennes en plans 3D du terrain observé. Parrot prendra enfin en 2015, pour 9 millions d’euros, 53,1 % d’Airinov, start-up française spécialisée dans les systèmes de cartographie agronomique par drones et le service aux agriculteurs.

Voilà donc Parrot en position de leader mondial du drone civil. Il dispose désormais d’une vaste panoplie d’appareils, du pur jouet au robuste drone professionnel, en passant par des « jouets » évolués aptes à être utilisés dans des applications professionnelles. Surtout, il a élargi sa palette avec un ensemble d’outils et de logiciels propres à fournir une gamme de services, à la profession agricole pour commencer. Son principal concurrent sur ce marché des drones de prise de vue est pour l’instant le chinois DJI qui revendique, lui aussi, le titre de « leader mondial » et, après les drones de loisir, s’est également positionné sur les applications commerciales.

Quel sera l’avenir de Parrot ? Se trouve-t-il exclusivement dans la fabrication de drones, dans les services (mais alors dans quels secteurs ?), dans un mix des deux ? Yannick Levy, directeur corporate business development de l’entreprise avoue qu’il est trop tôt pour le dire. Ce marché – qui n’est pas sans rappeler celui des premiers microordinateurs, longtemps à cheval sur les applications grand public et professionnelles – est encore trop récent pour permettre de tracer des plans sur la comète. Sans compter que son véritable potentiel ne sera probablement pas atteint avant qu’une réglementation claire et cohérente ne voie le jour. En attendant, le français est bien parti pour faire partie de ceux qui joueront dans la cour des grands. Notamment en continuant à mettre à profit les économies d’échelle que sa présence dans les marchés de grands volumes apporte à ses produits professionnels.

 

Franck Barnu

Après des études de physique, Franck Barnu s’est dirigée vers la presse industrielle et technologique. Comme journaliste, il a en particulier suivi le domaine des technologies...

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