Remise du rapport de France Stratégie sur la France dans dix ans

Jean Pisani-Ferry, Commissaire général à la stratégie et à la prospective, a remis le 25 juin dernier son rapport Quelle France dans dix ans ? au président de la République. Le lendemain, ce document a fait l’objet d’une présentation publique, en présence de nombreux experts et avec la participation de grands témoins.

Jean Pisani-Ferry
Il faut que la France fasse à nouveau école, qu’elle redevienne un modèle.

Initiés lors d’un séminaire gouvernemental à l’été 2013, les travaux du CGSP (rebaptisé depuis France Stratégie) ont été poursuivis à la demande de François Hollande. Ils ont donné lieu à la rédaction du rapport Quelle France dans dix ans ?, remis le 25 juin dernier au président de la République. Ce dernier propose une stratégie de moyen terme pour la France et donne un cap à l’action publique pour la décennie à venir.

 

Le constat dressé par Jean Pisani-Ferry est sans appel : qu’il s’agisse de ses performances économiques ou de ses résultats sociaux, la France a connu sur les vingt-cinq dernières années un décrochage progressif par rapport à des pays qui, à l’époque, présentaient un niveau de développement équivalent.  Parmi les principales sources d’inquiétude, figurent une évolution du PIB par tête plus lente que celle de nos partenaires, des résultats scolaires en recul, des dépenses de recherche et développement inférieures à la moyenne, une dégradation de notre performance à l’export, des niveaux de dépense et de dette publiques importants…

Si les problématiques industrielles sont assez peu mises en avant dans le document, la désindustrialisation est néanmoins pointée comme une faiblesse majeure de l’économie française. Le rapport fait état de chiffres maintenant largement connus : un million d’emplois industriels ont été détruits depuis 2000 et la part de l’industrie dans le PIB a reculé de 5 points pour s’établir à 11 %. Ce niveau extrêmement bas nous rapproche dangereusement du seuil critique, en-deçà duquel l’ensemble de l’écosystème industriel serait menacé. Le basculement de la main d’œuvre industrielle vers le secteur des services a transformé la France en une économie « abritée » de la mondialisation, c’est-à-dire composée en grande majorité d’emplois non délocalisables. Il ne s’agit pourtant pas d’une bonne nouvelle : le rapport plaide justement pour un développement des emplois délocalisables, soumis à la concurrence étrangère et le plus souvent vecteurs d’innovation et d’exportations.

Ce constat lucide ne se veut pas pessimiste pour autant. Le rapport insiste en effet également sur les nombreux atouts dont dispose la France pour relever les défis qui se posent à elle : une population jeune et bien formée, des infrastructures de qualité, des instituts de recherche de pointe, de nombreuses grandes entreprises performantes… Sur cette base, il est possible de replacer la France dans le peloton de tête des pays de l’OCDE où l’on vit le mieux, de rejoindre le premier tiers des pays de l’OCDE pour la confiance dans autrui ou encore d’être dans le premier tiers des pays européens en termes d’emploi. Autant d’objectifs proposés par Jean Pisani-Ferry.

Plutôt qu’un inventaire à la Prévert de mesures opérationnelles à mettre en œuvre pour atteindre ces objectifs, le rapport préfère formuler des pistes de travail structurées en huit enjeux, dessinant ensemble le visage de la France de 2025 : une démocratie de la confiance, une égalité républicaine effective, un Etat entreprenant et économe, un développement responsable, une société décloisonnée et ouverte sur le monde, une économie du mouvement, un modèle social lisible et inclusif, une Europe force d’entraînement.


Aucune préconisation de politique industrielle n’est ainsi formulée, le rapport considérant que la question de la compétitivité devrait être traitée de manière globale, d’autant plus que les frontières entre secteurs ont tendance à s’effacer.

Volontiers présentée comme réfractaire au changement, la France s’est en fait réformée au moins aussi souvent que ses principaux partenaires européens sur la période 2000-2010. Toutefois, dans la plupart des cas, ses réformes n’ont été que partielles. Cette méthode « gradualiste », de transformations à petits pas, est dénoncée comme une source d’instabilité réglementaire. Elle aurait pour conséquence paradoxale d’amenuiser la confiance des agents économiques dans la capacité du pays à mener des changements structurels.

Plus qu’une feuille de route détaillée, le rapport de France Stratégie propose donc un portrait de la France d’aujourd’hui et une analyse des enjeux essentiels auxquels elle doit répondre dans la décennie à venir pour réinventer son modèle économique et social.

 

La Fabrique

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