Pour une stratégie industrielle européenne fondée sur la coopération !

Confrontations Europe et ses partenaires appellent à se mobiliser pour la croissance et l’emploi. Le Manifeste qui en résulte a été envoyé aux chefs d’Etat et de gouvernement et aux institutions communautaires pour qu’ils s’engagent pour la réindustrialisation de l’Europe. Mais aucune stratégie de croissance ne réussira sans participation des citoyens aux grands choix collectifs. Engagez-vous ! Signez ! Voilà pourquoi…

Polarisation de l’industrie au Nord de l’Europe, désindustrialisation au Sud…

Le cœur du problème de la croissance, de la compétitivité et de l’emploi, c’est l’industrie. C’est elle le moteur de la recherche et de l’innovation, de l’exportation et des gains de productivité. Or, la France a sombré dans la désindustrialisation depuis 3 décennies et cela s’accélère avec 2 millions d’emplois perdus, sans compter les déserts industriels, la perte de savoir-faire et les destins brisés.
Ce faisant, la France fait clairement partie des pays du Sud, ceux dits de la périphérie, qui ont sombré dans l’utopie d’une « terre sans usine », alors que d’autres, comme notre grand partenaire, l’Allemagne, polarisent l’industrie en Europe. Or, à force de grand écart entre Etats-membres de l’Europe sur la croissance et la compétitivité, nous risquons bien plus de faire éclater l’Europe qu’avec nos dettes publiques qui font pourtant les gros titres !

Or l’Europe apparaît trop souvent, même pour nos gouvernants, comme une source additionnelle de problèmes. Au lieu d’être perçue comme une formidable opportunité pour les Français et les Européens de continuer à maîtriser leur destin dans la mondialisation. Il n’y a aucun avenir à vivre recroquevillés sur nous-mêmes. Nous devons nous ressaisir et il y a urgence !

Pour une stratégie européenne de compétitivité industrielle intégrée et solidaire !

Comment demander à nos partenaires de la solidarité si nous ne consentons pas nous-mêmes des efforts comme eux en ont consenti toute la décennie ? Tous les pays européens doivent aussi pouvoir s’appuyer sur une base industrielle. Il faut donc que tous, sans exception, renforcent leur capacité d’exportation. Mais ceci ne pourra pas se faire sans solidarité, pour éviter les ruptures et sécuriser les parcours. Et surtout sans coopération : comment espérer s’en sortir dans un espace européen non-coopératif, alors que les industries nationales se livrent une concurrence souvent frontale, autodestructrice ?

Voilà pourquoi Confrontations Europe appelle tous les acteurs économiques, sociaux, les citoyens, les décideurs politiques, à se mobiliser pour la mise en place d’une stratégie européenne de compétitivité industrielle intégrée et solidaire.

Nous proposons six recommandations :

  • développer des politiques communes de formation professionnelle et continue et de mobilité qui ne soient plus déconnectées de la production, de l’industrie, afin d’insérer dans l’emploi durable des jeunes qui risquent d’être la « génération perdue », d’anticiper les restructurations, de sécuriser les transitions professionnelles et de remédier à l’inadéquation croissance entre besoins d’emplois et qualifications en Europe
  • démultiplier les coopérations industrielles dans tous les secteurs, sur tous les territoires, via un cadre incitatif et non dissuasif comme l’est trop souvent une politique de la concurrence à réformer, pour bâtir de nouvelles filières, créer un écosystème reliant universités-recherche-entreprises pour combler la « vallée de la mort européenne de l’innovation » et faire du grand marché européen un « camp de base dans la mondialisation » pour les entreprises petites, moyennes et grandes ancrées sur les territoires européens
  • nouer un Pacte européen de solidarité énergétique et développer une véritable politique numérique pour l’Europe : l’énergie est un élément déterminant de la compétitivité de nos entreprises, nous ne pouvons plus nous cantonner à des politiques nationales antinomiques : si chaque Etat doit pouvoir choisir ses sources d’énergie, les coûts cachés (interconnexion, intermittence…) doivent être mutualisés. Dans le même temps, le numérique est un autre objectif stratégique pour l’Europe, non traduit dans des politiques publiques, alors que le développement des compétences n’est pas à la hauteur des besoins massifs en emplois actuels et à venir dans le secteur des TIC !

 

  • créer le cadre propice au financement des investissements de long terme : la valorisation financière, qui privilégie le profit à court terme, au lieu de s’intéresser au bilan économique coûts/avantages, n’est pas adaptée au financement des projets d’investissements de long terme, aux coûts fixes élevés et rendements différés, alors même qu’ils sont porteurs d’externalités positives importantes pour la croissance et la compétitivité de l’Europe

 

  • donner à l’Europe une stratégie d’action économique extérieure, en nouant des partenariats sur des projets d’intérêt commun avec les autres grandes régions du monde, y compris avec nos voisins de Méditerranée et d’Afrique, et en menant le combat contre la concurrence déloyale (anti-dumping social, fiscal, anti-subvention, réciprocité…) qui sévit jusque sur notre marché intérieur européen !
  • créer un gouvernement économique de la zone euro ouvert aux autres, contrôlé démocratiquement, et avec un mandat d’intégration industrielle de l’Europe, et organiser le système européen de relations socio-industrielles pour développer une « économie sociale de marché » capable de réconcilier les citoyens avec l’Europe.

Pour en savoir plus et/ou signer le manifeste, rendez vous sur le site de Confrontations Europe : www.confrontations.org

 

Anne Macey

Anne Macey est Secrétaire générale de Confrontations Europe. Avant de rejoindre ce think tank, elle a acquis une expérience de 10 ans à l’interface du public et du privé, avec...

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