Pôles de compétitivité : transformer l’essai

Vanessa Cordoba et Romain Lucazeau, Institut de l’entreprise, novembre 2012.

En général plutôt critique vis-à-vis des actions de politique industrielle de l’Etat financées par l’impôt, l’Institut de l’Entreprise approuve globalement la politique des pôles de compétitivité, mais propose pour la rendre plus efficace :

  • de réduire le nombre de pôles pour mieux concentrer le soutien public
  • de renforcer la capacité des pôles à accompagner l’innovation jusqu’au marché
  • d’accroître les financements reçus par les grandes entreprises

La deuxième proposition est assez consensuelle et recoupe les recommandations de la dernière évaluation des pôles et l’inflexion donnée depuis à cette politique par l’Etat.

La troisième est un peu contradictoire avec l’objectif des pôles de développer un tissu de PME, d’instituts de formation et de recherche plus dense autour des grandes entreprises. Cette politique est en partie fondée sur le constat que les grands programmes technologiques du passé, qui ont largement financé les grandes entreprises intégratrices capables de les mener à bien, n’ont pas suffi à créer un tel écosystème. Le fait que les grandes entreprises font 62% de la R&D privée française (et non de la R&D comme l’écrivent les auteurs), est justement souvent considéré comme un de nos handicaps.

La première proposition reprend un débat en cours depuis la création des pôles entre le ministère des finances souhaitant privilégier peu de pôles ayant une importante masse critique et les collectivités territoriales et leurs élus qui préfèrent que beaucoup d’initiative soient soutenues. Les ministères de l’industrie et de l’aménagement du territoire avaient additionné leurs budgets, faisant passer le soutien global de l’Etat aux pôles à 500 millions d’euros par an. Bercy avait eu la satisfaction que la moitié de ce budget soit concentré sur 9 pôles, la DATAR celle de voir 71 pôles labellisés1 .

De ce point de vue, les 71 pôles de compétitivité français se comparent plutôt aux 103 Kompetenznetze allemands (mais il existe bien d’autres types de clusters en Allemagne2) ou aux 6 clusters finlandais (pour un pays dont le PIB est dix fois inférieur au nôtre). Les 15 Spitzenklusters allemands ou les 7 TIC britanniques se comparent plutôt à nos 8 Instituts de recherche technologique.

Paradoxalement, la note déplore que seulement 13 des 42 technologies attractives pour la France (dont 35 où nos positions industrielles ou de recherche sont favorables) soient bien soutenues par les pôles, mais un de leurs critères de soutien est qu’elles soient représentées dans un des 9 pôles de taille mondiale (ou des 18 pôles concentrant 75% des financements). Il semble pourtant difficile de concentrer les financements sur une dizaine de pôles aux thématiques claires tout en soutenant fortement 35 à 42 technologies.

Un des apports originaux et intéressants de la note est d’ailleurs l’identification de ces technologies à soutenir et du niveau effectif de support que leur apporte la politique des pôles de compétitivité. La réflexion de l’Institut de l’Entreprise rejoint en cela les questions posées par l’Observatoire des pôles de compétitivité sur l’adéquation des pôles aux ressources et aux besoins de leur territoire3.


Weil & Fen-Chong, Les pôles de compétitivité français, Futuribles, juin2008.
Observatoire des pôles de compétitivité, La lettre trimestrielle n°16 – Automne 2011
Typologie des pôles de compétitivité basée sur leurs caractéristiques « héritées », Caillou & al. DATAR 2012

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