Les emplois exposés et abrités, nouvelle analyse des dynamiques économiques

L’opposition traditionnelle entre les emplois industriels et tertiaires est dépassée : elle ne tient compte ni de la mondialisation ni du progrès technique. Cette synthèse explique pourquoi il est préférable de distinguer les emplois exposés à la concurrence internationale de ceux qui en sont abrités, et tire des premiers enseignements de cette observation.

Dans chaque pays, il y a deux économies. La première, connectée à l’économie mondiale, regroupe les emplois exposés, c’est-à-dire en concurrence avec des emplois situés dans d’autres pays (call centers, ingénieurs en logiciels, production d’objets facilement transportables, etc.). Notre balance commerciale dépend de la compétitivité de ces secteurs exposés. La seconde est constituée d’emplois abrités, en concurrence avec d’autres emplois locaux uniquement (services à la personne, commerce de proximité, etc.). Les activités tertiaires dominent les emplois abrités mais elles constituent aussi la majorité des emplois exposés.

Des salariés exposés moins nombreux mais de plus en plus riches

Les activités exposées, pour lesquelles les lieux de production et de consommation peuvent être différents, ont tendance à se concentrer pour profiter d’externalités positives tandis que les emplois abrités restent proches des consommateurs. C’est donc en mesurant leur répartition géographique que Philippe Frocrain et Pierre-Noël Giraud distinguent ces deux catégories d’emplois. Ils observent que l’emploi exposé est minoritaire et en recul : il est passé en France de 30 % à 26,8 % de l’emploi total entre 1999 et 2013. Les gains de productivité se font essentiellement dans les secteurs exposés. Les salaires y sont en moyenne 25 % plus élevés que dans le secteur abrité et croissent plus rapidement, alors que les niveaux de qualification sont comparables.

L’emploi exposé exerce un effet multiplicateur

L’implantation d’entreprises de secteurs exposés est un puissant levier de développement de l’emploi abrité local, car les nouveaux travailleurs consomment des biens et services abrités. On estime que, lorsque 100 emplois exposés apparaissent, environ 64 emplois abrités sont créés au sein de la même zone.

Des gains de productivité des secteurs abrités pour éviter d’accroître les inégalités

La compétitivité des entreprises exposées dépend du coût de leurs intrants et des prélèvements qu’elles subissent pour financer les services publics et la protection sociale. Or les prix des secteurs abrités ont augmenté en France plus vite que ceux des secteurs exposés, contrairement à ce qui s’est produit notamment en Allemagne. Pour que le secteur exposé ne soit pas handicapé par les prix de ses achats au secteur abrité sans que les inégalités ne se creusent encore plus entre les salaires des deux secteurs, il est indispensable que le secteur abrité fasse lui aussi des progrès de productivité, ce que peuvent favoriser les politiques transversales (formation, réglementation, fiscalité…) ainsi qu’une plus grande efficacité des services publics.

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Pour aller plus loin
Télécharger la synthèse n°9 (septembre 2016) - "Les emplois exposés et abrités en France"
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Synthèse - Les emplois exposés et abrités en France
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Projets de La Fabrique - Mondialisation : distinguer les emplois «exposés » et « abrités »
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