Où va l’industrie américaine ?

L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis a surpris la plupart des observateurs. Ce résultat s’explique par une conjonction de facteurs, parmi lesquels on retrouve la question du déclin industriel et ses effets sur l’économie et la société américaines.

Les États-Unis connaissent depuis plusieurs décennies un recul du secteur industriel au sein de leur économie, similaire à celui observé dans de nombreux pays développés. L’industrie manufacturière ne représentait plus que 12,2 % du PIB en 2015 et 8 millions d’emplois industriels ont été détruits depuis la fin des années 1970. La sortie de crise dynamique avait laissé espérer à certains une véritable « renaissance » du manufacturing américain en 2010-2012, mais l’évolution récente vient confirmer notre interprétation d’un rebond essentiellement conjoncturel. Après avoir dépassé son niveau d’avant-crise fin 2014, la production industrielle a en effet montré des signes de faiblesse en 2016 et près de 80 000 emplois manufacturiers ont été détruits en un an.

Les effets économiques et sociaux de la désindustrialisation sont, depuis plusieurs années, au cœur des débats outre-Atlantique. Le candidat républicain Donald Trump a su conquérir les États anciennement industrialisés de la région des Grands Lacs lors de la campagne présidentielle de 2016. Fortement dépendants de l’industrie lourde et de l’industrie automobile, ces derniers subissent depuis trois décennies les effets d’une compétition internationale féroce exercée par les pays à bas coûts. L’entrée en vigueur en 1994 de l’accord de libre-échange nord-américain (Alena) a conduit à un déplacement d’une partie de l’industrie américaine au Mexique. Ensuite, la montée en puissance de la Chine à partir des années 1990 s’est traduite par un creusement du déficit commercial américain.

Les difficultés économiques de ces régions sont aussi le résultat d’une modification de la géographie industrielle américaine, au profit des États du Sud du pays affichant une législation du travail plus souple ainsi que des niveaux de rémunération plus faibles. Ces derniers sont aussi les destinations privilégiées des relocalisations.

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