Qu’est ce que la compétitivité ?

Le but de ce dossier pédagogique est d’expliquer la notion de compétitivité d’une entreprise, d’un secteur ou d’un territoire. Ce concept est délicat à appréhender car il englobe de nombreuses variables économiques différentes, qui rendent sa mesure compliquée.

La compétitivité mesure la capacité relative d’entreprises, de secteurs, de régions ou de pays à vendre leurs produits sur les marchés internationaux. Etre compétitif permet de générer de façon durable un revenu et un niveau d’emploi relativement élevés, tout en étant exposés à la concurrence internationale [1].

Elle comporte deux dimensions : la compétitivité prix et la compétitivité hors-prix.

La compétitivité prix d’un pays repose sur sa capacité à produire des biens et services à des prix inférieurs à ceux de ses concurrents. Elle résulte :

  • des coûts de production à savoir le coût du capital (les taux d’intérêts), le coût du travail (les salaires), le coût des consommations intermédiaires (énergie, matières premières, composants et équipements achetés)
  • la productivité (efficacité du travail ou du capital)
  • des coûts de transport ;
  • du taux de change ;

La compétitivité hors-prix est basée sur la capacité à offrir des produits différenciés par les services qu’ils intègrent, l’innovation, l’image de marque et l’adaptation aux demandes du client.

La France est-elle compétitive ?

Un des moyens d’évaluer la compétitivité d’un pays est d’observer l’évolution de sa balance commerciale.

Selon l’INSEE, la compétitivité de la France n’a cessé de se dégrader depuis 2000. Une des conséquences de cette dégradation est que la part de marché des exportations françaises dans les exportations mondiales a diminué depuis 2000 de 1,8 point. Elle est stable depuis 2010 autour de 3,3 %. Cette détérioration est liée autant à la force des importations qu’à la faiblesse des exportations. Les raisons mises en évidence sont notamment la détérioration de la compétitivité prix et la montée progressive de la Chine et des grands pays émergents, qui maintiennent toujours leur avantage concurrentiel par rapport à la France et à certains pays de l’OCDE. La France n’est en effet pas le seul parmi les pays développés à enregistrer une faible croissance des exportations depuis 2000 : les États-Unis (entre 2000 et 2005), le Japon, le Royaume-Uni ou encore l’Italie (sur l’ensemble de la période) ont subi le même phénomène. L’Allemagne se distingue toutefois sur la même période, elle a su conserver ses parts de marchés.

Comment mesure-t-on la compétitivité ?

La notion de compétitivité englobe de nombreuses variables économiques différentes. La mesure de la compétitivité se révèle ainsi difficile car il n’est pas possible de l’évaluer par un indicateur unique. Cependant, de nombreux travaux tentent de la mesurer.

Le World Economic Forum publie par exemple chaque année un rapport intitulé  Global Competitiveness Report  dans lequel il dresse un classement des pays les plus compétitifs.

Ce rapport se base sur plus de cent indicateurs organisés en douze « piliers » : les institutions, les infrastructures, l’environnement macroéconomique, la santé et l’enseignement primaire, la taille du marché, le développement technologique, l’innovation, l’efficience du marché des produits, l’efficience du marché du travail, l’enseignement supérieur et la formation professionnelle, l’évolution des marchés financiers, la sophistication des activités commerciales et l’innovation.

En 2013 selon les conclusions du rapport, la Suisse est à nouveau le pays le plus compétitif du monde pour la cinquième année consécutive. Singapour conserve sa deuxième place devant la Finlande (3e). L’Allemagne a évolué de la 6e à la 4e place, devant les Etats-Unis qui remontent, passant de la 7e à la 5place. Dans la deuxième partie du top 10, Hong Kong (7e) et le Japon (9e) progressent alors que la Suède (6e), les Pays-Bas (8e) et le Royaume Uni (10e) perdent du terrain.

La France se classe pour sa part au 23e rang, en recul de cinq places sur deux ans. Malgré les faiblesses constatées dans certains secteurs, elle reste parmi les meilleurs au monde pour ses infrastructures de transports, de communication et d’énergie (4place) et pour la qualité de son système de santé et d’éducation.

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(1) Cette catégorie comprend : les institutions, les infrastructures, l’environnement macroéconomique, la santé et l’enseignement primaire.
(2) Cette catégorie comprend : l’enseignement supérieur et la formation professionnelle, l’efficience du marché des produits, l’efficience du marché du travail, l’évolution des marchés financiers, le développement technologique, la taille du marché national.
(3)Cette catégorie comprend : l’innovation, la sophistication des activités commerciales.
Source : Global Competitiveness Report (2013-2014), World Economic Forum

Questions / Réponses [2]

1. Sur quels atouts la Suisse base-t-elle principalement sa compétitivité ?

Le principal atout de la Suisse en termes de compétitivité est lié à sa forte capacité à innover. Elle bénéficie d’instituts de recherche de renom, les entreprises suisses investissent massivement en recherche et développement (R&D), les collaborations entre entreprises et universités y sont très développés.
Mais au-delà de ce seul aspect, la Suisse dispose d’un marché du travail efficace, d’une productivité soutenue par le haut niveau de qualification de ses salariés, d’infrastructures modernes, d’institutions publiques parmi les plus efficaces et transparentes du monde, etc.

2. La Chine se place en 17e position en termes de coût du travail, alors que l’Allemagne n’est que 42e. Comment expliquer que, au global, l’Allemagne reste plus compétitive que la Chine ?

Cette question permet de rappeler la distinction entre les aspects prix et hors-prix de la compétitivité. La Chine bénéficie ainsi de coûts de production, et en particulier d’un coût du travail, plus faible que l’Allemagne : sa compétitivité-prix est donc meilleure. Pour autant, l’Allemagne peut s’appuyer sur de nombreux atouts se rattachant à la dimension hors-prix de la compétitivité. Elle est par exemple classée 4e en ce qui concerne les facteurs de sophistication et d’innovation. La sophistication des activités commerciales prend en compte la capacité des entreprises à s’organiser en réseaux (les relations entre les clients, fournisseurs, sous-traitants et les donneurs d’ordre).
L’Allemagne est positionnée sur un segment de gamme supérieure, ce qui la rend moins sensible au facteur « prix ». En clair, elle compense son déficit de compétitivité-prix par rapport à la Chine par sa forte capacité à se différencier par la qualité de ses produits, la forte qualification de ses salariés, l’efficacité de ses réseaux d’entreprises, la collaboration étroite entre universités, centres de recherche et entreprises, etc.

3. Selon vous, quels sont les atouts de la France ? Et comment peut-elle faire pour stimuler sa compétitivité ?

La France dispose de nombreux atouts « naturels » : situation géographique assez centrale en Europe, démographie dynamique, taille du marché, etc.
Elle peut également s’appuyer sur des avantages qu’elle a su construire au fil du temps : la qualité de son système éducatif lui permet de former des travailleurs qualifiés, la recherche scientifique, présente sur un large spectre, est mondialement reconnue, ses infrastructures de transport et de communication sont parmi les meilleures et constituent à ce titre un facteur d’attractivité et de productivité. Néanmoins certains de ces avantages sont en recul depuis quelques années.  Afin de stimuler sa compétitivité, le World Economic Forum préconise toutefois à la France de renforcer la flexibilité de son marché du travail, en particulier concernant la réglementation des licenciements et des embauches, d’alléger son régime fiscal qui est perçu comme incitant peu à la création d’entreprise ou encore de veiller à améliorer la qualité du dialogue social.


[1] Source : « Glossaire Eurostat »http://epp.eurostat.ec.europa.eu/statistics_explained/index.php/Glossary:Competitiveness/frSource : Global Competitiveness Report (2013-2014), World Economic Forum

[2] Source : Global Competitiveness Report (2013-2014), World Economic Forum

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