Economie, histoire de l’industrie

Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire des techniques, on trouve des traces d’une préoccupation industrielle (industria = activité ou étude en latin), au sens d’une activité consistant à mobiliser les savoirs et techniques de l’époque pour répondre avec efficacité aux besoins humains.

Certains datent ainsi la naissance de l’industrie moderne à l’apparition des arsenaux de Venise, au début du XIIe siècle. Mais, dans les descriptions les plus répandues, l’industrie débute avec le machinisme, pour continuer aujourd’hui son évolution vers des horizons numériques. La Fabrique de l’Industrie vous propose de revenir sur l’histoire de l’industrie et sur les tenants et les aboutissants de l’économie industrielle.

Une brève histoire de l’industrie

Le premier âge industriel s’ouvre au cours du XVIIIe siècle, quand la machine à vapeur fait son apparition. Ses usages sont d’abord limités mais, à la fin du siècle, elle sera perfectionnée, puis banalisée. C’est ce perfectionnement qui signe le début du machinisme au Royaume-Uni, berceau de l’industrie moderne. On parle souvent de révolution industrielle, mais cette notion est désormais contestée par les historiens, qui y voient avant tout un processus d’adoption progressif. Les évolutions se succèdent et l’idée de “révolution” ne rend pas réellement compte de la façon dont l’industrie s’est lentement développée d'hier à aujourd'hui.

Ce sont d’abord les manufactures de coton qui tirent profit de l’invention du métier à tisser mécanique par Edmund Cartwright. Ensuite, James Watt innove et propose la machine à vapeur rotative, qui bénéficie à d’autres branches comme les industries de transformation. Plus tard encore, Henry Cort met en place le puddlage, permettant à la métallurgie l’usage exclusif du charbon comme combustible pour la fonte des métaux. Commence alors, par une nouvelle série d’évolutions en cascade, la conquête de la matière et de l’énergie par l’industrie.

A la fin du XIXe et au début du XXe siècles, on maîtrise déjà de nouvelles sources d’énergie : le gaz, l’électricité et le pétrole. Ce dernier devient incontournable après l’invention du moteur à explosion. Les télécommunications et le transport sont révolutionnés par l’invention du téléphone, du télégraphe, de l’automobile moderne et de l’avion. Les industries sidérurgiques et la chimie de synthèse se développent en parallèle.

L’industrie va encore franchir un pas dans la deuxième moitié du XXe siècle, avec l’avènement de l’énergie nucléaire et plus généralement l’usage de plus en plus répandu de l’électricité. Ceci ouvre la voie à l’apparition de l’électronique, grâce notamment à l’invention du transistor et du microprocesseur. Les inventions qui en ont découlé, notamment le robot et l’automate programmable industriel, vont pousser encore plus loin les limites de l’automatisation de la production industrielle.

Aujourd’hui, beaucoup parlent de l’avènement de l’industrie numérique, propulsée par la révolution digitale. Bienvenue à l’économie industrielle 4.0 !

Qu’est-ce que l’économie industrielle ?

L’économie industrielle s’intéresse au fonctionnement des marchés en fonction de leur structure ; elle étudie donc les comportements des entreprises sur des variables telles que le prix, les quantités à produire, le niveau de qualité requis pour rester compétitif, la stratégie de R&D, les efforts de publicité, etc. L’économie industrielle traite également des modes d’organisation, de compétition et de coordination entre entreprises et tente de déceler des caractéristiques propres à certains groupes (secteurs, filières, écosystèmes, clusters…).

L’économie industrielle traite donc en partie des situations de « concurrence imparfaite », autrement dit des situations dans lesquelles les entreprises disposent d’un « pouvoir de marché », que l’on peut chercher à évaluer et à caractériser. À la différence du cadre de la concurrence « pure et parfaite », utilisé par exemple pour les raisonnements en équilibre général, l’économie industrielle s’intéresse aux équilibres partiels, et peut restreindre son champ d’étude à un ou plusieurs marchés.

Par ailleurs, l’économie industrielle mesure également les niveaux d’efficacité des marchés, et peut jouer un rôle d’aide à la décision publique en matière de régulation.

Tradition de Harvard vs tradition de Chicago

Dès la seconde moitié du XIXe siècle, qui voit notamment la parution des ouvrages fondateurs d’Alfred Marshall (Economics of Industry, Principles of Economics et Industry and Trade), les économistes soucieux de mieux organiser la vie des entreprises ont bénéficié d’instruments d’analyse. Marshall aborde par exemple la difficile question de la compatibilité entre l’accroissement de la taille des firmes et le maintien d’une concurrence « saine ».

L’économie industrielle va s’imposer comme une discipline à part entière à partir des années 1920, grâce aux travaux d’économistes tels que Joe Bain et Edward Mason, fondateurs de la « Tradition de Harvard ». Ce premier courant se définit comme empirique et interventionniste et se fonde sur le modèle « structure-procédé-performance » : la structure du marché définit les procédés qui, eux-mêmes, définissent la performance du marché. Ce mouvement initial est traditionnellement opposé à ce qui a été appelé « la Tradition de Chicago », qui s’est développée dans les années 1970 et qui est pour sa part non-interventionniste et théorique. Bien qu’elles puissent paraître opposées, ces deux écoles de pensée de l’économie industrielle se complètent, car chacune comble les lacunes et les limites de l’autre.

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