Donald Trump face à ses promesses

Donald Trump doit son élection au basculement des swing states dans le camp républicain, séduits par sa rhétorique protectionniste et la promesse du retour de millions d’emplois industriels détruits. Sa prise de fonction le 20 janvier 2017 marque le point de départ d’un chantier colossal, sur fond d’essoufflement industriel et de tensions commerciales notamment avec le Mexique et la Chine.

 

Déclin industriel des swing states

L’industrie manufacturière ne représentait plus que 12,2% du PIB américain en 2015 et 8 millions d’emplois industriels ont été détruits depuis la fin des années 1970. Les États composant la Rust Belt ont été particulièrement touchés : depuis 2000, environ un tiers des emplois industriels ont disparu dans le Michigan, la Pennsylvanie et l’Ohio (soit entre 300 000 et 350 000 emplois par État). Mise sous tutelle de l’État fédéral en raison d’une dette de plus de 20 milliards de dollars, la ville de Detroit est l’exemple le plus frappant de ces villes touchées par la désindustrialisation qui doivent affronter un exode massif, un chômage et une pauvreté extrêmes. L’industrie américaine a pourtant connu une reprise vigoureuse après la crise de 2008, près de 900 000 emplois ont été créés entre 2010 et 2015. Ce phénomène de rattrapage n’a pas suffi à redresser l’économie de ces régions… et 2016 marque déjà la fin d’une période d’euphorie qui avait laissé certains observateurs espérer une « renaissance » du manufacturing américain.

La situation commerciale avec la Chine et le Mexique

Malgré la reprise de l’activité industrielle, les performances à l’international n’ont cessé de se dégrader. La Chine constitue de loin la plus importante source de déficit pour le commerce américain (334 milliards de dollars en 2015) devant l’Allemagne (77) et le Mexique (58). L’intensification des échanges avec la Chine et le Mexique a permis à ces deux pays de monter en gamme et donc de concurrencer les produits américains. C’est dans ce contexte que Donald Trump a affiché sa volonté de renégocier les termes de l’accord de libre-échange nord-américain (Alena). Au sujet de la Chine, il évoque la fin des accords existants et des droits de douanes punitifs de 45% sur leurs produits. Il émet même la possibilité de se retirer de l’OMC, laissant planer le risque de conséquences considérées comme « apocalyptiques » par les économistes.

Un remodelage géographique de l’industrie américaine

Outre la concurrence internationale, les États industrialisés du Nord du pays doivent faire face à des concurrents internes. Les États du Sud affichent en effet une législation du travail plus souple ainsi que des niveaux de rémunérations et un taux de syndicalisation plus faibles. Ils sont devenus la destination privilégiée des relocalisations : les États du Sud concentrent les deux tiers des emplois relocalisés depuis 2010. Le phénomène s’observe particulièrement pour l’industrie automobile : la part de l’Alabama, du Tennessee et du Texas dans l’industrie automobile américaines a plus que doublé depuis 2000 pour s’établir à 4,0 %, 6,6 % et 7,8 % de la valeur ajoutée.

Ce remodelage permet de réduire les disparités régionales et d’industrialiser les régions moins développées. Mais il accentue cet affaiblissement des bastions industriels historiques, annonçant une remise en cause d’un certain nombre d’acquis sociaux défendus par les syndicats ouvriers.

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