Le coût de production de l’électricité : qui croire ?

Pour y voir clair et pouvoir débattre, chacun doit disposer d’outils, même sommaires. Voici une proposition pour éviter un énorme gaspillage et créer de l’emploi.

Sur le futur de l’électricité, les opinions sont d’une grande diversité ! On nous annonce une production « décentralisée » : le mouvement de l’histoire et des mentalités y pousserait et la technique le rendrait possible avec les éoliennes, le photovoltaïque, les smart grids et, pour compenser les fluctuations de la production, la modulation de la consommation, les batteries et le procédé de méthanation qui consistera, lorsque la production sera excédentaire, à produire de l’hydrogène pour le combiner au gaz carbonique et produire du méthane capable à son tour de fournir de l’électricité lorsque l’on en aura besoin. Il serait donc possible de se passer à la fois de nucléaire et d’énergie fossile

Or, il ne suffit pas de comparer les coûts des différents moyens de production car, avec les moyens de stockage et la consommation ils forment un système. On ne peut en débattre que si l’on évite l’effet de la « boîte noire » qui présente des hypothèses et des conclusions sans qu’on connaisse les ressorts qui font passer des unes aux autres ni a fortiori qu’on puisse utiliser soi-même ces logiciels, qui sont parfois très lourds.

Faute d’en disposer pratiquement, je publie un outil certes sommaire (il s’appuie sur des chroniques horaires d’une seule année) mais suffisant pour comparer diverses options et pour expliciter comment les résultats dépendent des hypothèses.

Il simule tout ce que l’on peut imaginer : sans nucléaire ou bien sans éoliennes ni photovoltaïque ; avec un stockage par batterie ou par méthanation ; il calcule, heure par heure, ce qui peut être stocké ou déstocké et aussi les possibilités de production éolienne, photovoltaïque ou nucléaire que l’on ne peut pas employer. En effet, comme les productions qui dépendent du vent ou du soleil varient beaucoup et comme le stockage d’électricité coûte cher, pour être sûr d’avoir suffisamment d’électricité lorsqu’on en a besoin il faut une capacité de production telle que l’on est conduit par moments à renoncer à l’électricité qui pourrait être produite. Ce moyen de simulation indique les dépenses annuelles de production d’électricité. L’utilisateur peut modifier comme il le veut le coût et le rendement des équipements, faire ses hypothèses de consommation et d’effacement, construire son propre parc de production et de moyens de stockage. Il verra de suite quelles seraient les quantités d’électricité écrêtées, la consommation de gaz fossile, les émissions de CO2 et les dépenses.

Avec ou sans nucléaire ? Une proposition pour créer réellement de l’emploi

Il n’empêche que ces énergies renouvelables peuvent créer de l’emploi utile. En évitant de dépenser des milliards d’euros à payer de l’électricité éolienne ou photovoltaïque en remplacement d’électricité nucléaire, nous pourrions financer l’installation, dans les pays en développement où il y a du vent ou du soleil et pas de nucléaire, d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques construits chez nous. Quadruple bénéfice : une réelle création d’emplois industriels, une aide aux pays en développement, une participation à la lutte contre les émissions de CO2 car, dans ces pays, éoliennes et photovoltaïque remplacent du charbon ou du gaz et, quatrième bénéfice, le sentiment d’avoir évité un gaspillage.

Henri Prévot

Henri Prévot, ingénieur général des mines, est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’énergie parmi lesquels Trop de pétrole ! Energie fossile et réchauffement climatique (Le...

Lire la bio de l'auteur
Devenez contributeurs !

Vous avez des choses à dire sur l’industrie d’aujourd’hui (ou de demain) ? Pour réagir à nos travaux ou nous proposer les vôtres, écrivez-nous !

Devenir contributeur
Partager
Imprimer
Pour réagir