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Industrie du futur : former les talents de demain doit être une priorité

Pour que l’industrie du futur porte pleinement ses fruits et porte la relance économique post pandémie, un élément décisif est nécessaire : une politique de formation ambitieuse et adaptée aux besoins réels des industries qui abordent ce tournant stratégique.

En mai 2021, les 175 millions d’euros de budget alloués à la subvention industrie du futur pour l’année ont été intégralement épuisés en 10 jours seulement face aux demandes des PME et ETI industrielles. Un dispositif qui démontre la volonté de l’exécutif de faire de l’industrie du futur un pilier central de la relance économique et dont le succès atteste de l’enthousiasme du secteur industriel pour cette transformation majeure de leurs outils productifs. Mais pour que l’industrie du futur porte pleinement ses fruits et porte la relance économique post pandémie, un élément décisif est nécessaire : une politique de formation ambitieuse et adaptée aux besoins réels des industries qui abordent ce tournant stratégique.

Une pénurie de compétences

Réalité augmentée, objets connectés, fabrication additive, intelligence artificielle… L’industrie 4.0 s’appuie sur des technologies nécessitant des compétences extrêmement spécialisées et mises à jour régulièrement. Pourtant, elle se déploie en France et en Belgique dans un contexte de pénurie de compétences. Une situation en partie imputable au « papy boom » qui touche le secteur industriel. Après les vagues massives de recrutement et d’ouvertures de sites dans les années 1970, la pyramide des âges du secteur est telle qu’une partie considérable des salariés les plus expérimentés part en retraite. Et ce problème structurel est aggravé par les difficultés à recruter que connaissent les entreprises de nombreux secteurs-clés de la nouvelle révolution industrielle. Selon le baromètre Bpifrance Le Lab & Rexecode, les difficultés de recrutement sont le principal frein à la croissance identifié par les dirigeants de PME (un frein identifié par 55% des dirigeants en 2020 et 52% en 2019). Cette difficulté à recruter n’est bien sûr pas liée à une pénurie de main d’œuvre (plus de 6,6 millions de personnes sont à la recherche d’un emploi en France en 2021) mais bien à une inadéquation entre l’offre et la demande de compétences. Si l’on détaille le taux de difficulté à recruter par secteur industriel, celui-ci atteint 61,3% pour la métallurgie, 50,2% pour le secteur du travail du bois, papier et imprimerie ou encore 48,3% pour l’industrie agroalimentaire. Les industries extractives, énergie & gestion des déchets (34,4%) ou encore l’industrie chimique & pharmaceutique (35,2%) figurent quant à eux dans le bas du classement (1).

Mettre la formation au cœur des préoccupations

Pour les entreprises industrielles, trouver des solutions pérennes à cette pénurie de compétences devient une condition sine qua non à la réalisation de leurs objectifs de transformation technologique. On sait en effet désormais que la R&D et les nouvelles technologies ne sont pas porteuses de valeur en elles-mêmes et ne peuvent avoir un impact réel sur le résultat des entreprises qu’en étant portées par une main d’œuvre suffisamment formée pour tirer parti des ressources qu’elles offrent. Dans ce contexte, le développement et la promotion d’une offre de formation initiale tournée vers les métiers industriels innovants doivent être des priorités pour les pouvoirs publics comme pour les acteurs privés. Les prémices d’un tel développement sont d’ores et déjà visibles à travers des projets comme le CampusFab à Bondoufle (91) : un pôle d’excellence pour l’industrie de demain construit de façon collaborative par de grands acteurs industriels, entre autres Safran, et des centres de formation franciliens (Afpa, Aforp).

Ne pas négliger la formation continue

La multiplication d’initiatives de ce type serait bien sûr une très bonne nouvelle pour le secteur industriel dans son ensemble. Mais l’évolutivité des technologies sur lesquelles repose l’industrie 4.0 est telle qu’une politique de formation centrée sur la formation initiale serait insuffisante. Pour tirer le meilleur des nouvelles technologies comme pour éviter l’apparition de fractures générationnelles trop fortes, la formation continue doit occuper une place prépondérante dans les dispositifs de transmission de compétences. Pour les acteurs de l’industrie, développer des politiques de formation continue ambitieuses serait un moyen idéal de remédier par elles-mêmes à la pénurie de compétences selon des modalités adaptées à leur secteur d’activité mais aussi de compenser leurs difficultés de recrutement par des perspectives d’évolution interne motivantes pour leurs salariés.

L’industrie 4.0 demande une évolution majeure des modalités de formation aux métiers de ce secteur. Dans un contexte de chômage de masse, il est paradoxal que les entreprises soient contraintes à se livrer une concurrence intense pour recruter des collaborateurs qualifiés. Une politique de formation fidèle aux besoins réels des entreprises industrielles et mêlant formation initiale et formation continue est donc indispensable pour tirer pleinement profit des perspectives de croissance de l’industrie du futur.

 

Antoine Labuche est Responsable Commercial chez 9altitudes (anciennement Ad Ultima Group). Avec plus de 15 ans d’expérience sur les questions d’industrie 4.0, Antoine met son expertise au service des industriels ayant une réflexion sur leur parcours global de transformation digitale.

(1) Source : Enquête Besoins en Main-d’œuvre 2021 réalisée par Pôle Emploi (https://statistiques.pole-emploi.org/bmo/bmo?in=4&lg=0&pp=2021&ss=1)

 

Antoine Labuche

Antoine Labuche

Antoine Labuche est Responsable Commercial chez société 9altitudes (anciennement Ad Ultima Group) sur le périmètre France, Belgique francophone, Luxembourg et Suisse.
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