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Réaction de Sylvain Dorschner à la note « A quoi servent les filières ? »

Agréable à lire et concis, le document de travail sur les filières préparé par Thibaut Bidet-Mayer et Louisa Toubal a le mérite de permettre à des lecteurs pressés de se faire une idée rapide sur le sujet à partir des nombreux points de synthèse, bien que quelques graphiques et illustrations renforceraient la démonstration.

Agréable à lire et concis, le document de travail sur les filières préparé par Thibaut Bidet-Mayer et Louisa Toubal a le mérite de permettre à des lecteurs pressés de se faire une idée rapide sur le sujet à partir des nombreux points de synthèse, bien que quelques graphiques et illustrations renforceraient la démonstration.

Je partage de nombreuses analyses sur le fond du propos, et notamment celle de la place des pôles de compétitivité et de la difficulté pour ceux qui sont « enabling » de trouver leur place dans une logique de structuration verticale. Comme indiqué dans l’étude, la difficulté consiste à formuler des objectifs pour les filières dont les dynamiques (verticales, horizontales), leur exposition à la concurrence mondiale, le taux d’innovation, etc. n’est pas comparable. En conséquence, les politiques et plans d’actions se doivent d’être différenciés.

A cela s’ajoute la nécessité de penser désormais en inter-filières mais également inter-régionalement, en particulier suite à l’exercice de définition d’une stratégie régionale de spécialisation (S3) – c’est-à-dire d’une politique de créneaux – réalisé par les 236 régions européennes. En ce sens, les comités de filière régionaux auront du mal à trouver leur place car ils s’enferment dans une double logique de territoire et de thème.

Toujours dans la même problématique, les plans d’accompagnement des PME par filière me semblent également délicats. Ce qui compte est plutôt d’identifier les champions cachés à recruter parmi les 30 000 entreprises innovantes françaises et de les accompagner de manière transversale.

Une autre tendance lourde est le rapprochement des services du produit, et donc la nécessité de croiser ces deux approches. La mise en avant de ces questions demeure difficile en l’état des réflexions de la CNI. Il faudrait pour cela organiser le rapprochement avec l’approche retenue par le ministère du Commerce extérieur qui définit quatre familles prioritaires correspondant aux nouveaux besoins qui émergent autour de la thématique du « mieux vivre » (« mieux se nourrir », « mieux se soigner », « mieux vivre en ville » et « mieux communiquer »).

Ensuite, je trouve le chapitre relatif aux bonnes pratiques de filière très léger. Il démontre à lui seul qu’à part dans les filières aéronautique et automobile qui sont financées pour cela, très peu d’actions réellement structurantes sont mises en place au sein des filières malgré les nombreuses réunions qui se sont tenues. A ce sujet, le fait de rapprocher les filières de la RSE (amélioration des relations entre grands groupes et PME) est certainement une piste majeure comme cela a déjà été indiqué par le rapport Beylat/Tambourin.

Concernant le chapitre 4, l’interview de M. Jobard est très intéressante. Un élément me semble particulièrement important : les grands groupes attendent le plus souvent des PME de faire la preuve d’un concept avant de s’engager, alors que cette opération requière des moyens humains et financiers extrêmement important pour une petite structure. Pour cela, Oseo avait lancé des passerelles qui n’avaient pas été suffisamment soutenues dans la durée et qui n’étaient pas adaptées à l’évolution des demandes.

Le dernier chapitre fait pour sa part ressortir un point important relatif au mentorat qui pourrait être amplifié en France. Certains points mériteraient toutefois d’être étudiés de manière plus fine, comme par exemple la présentation du programme ZIM en Allemagne.

En conclusion, on constate que les auteurs de l’étude se sont un peu trop attachés à en donner une bonne définition plutôt que de démontrer l’utilité d’une politique de filière au-delà des annonces du ministère du Redressement productif. Quel est (sont) le(s) but(s) de guerre d’une telle politique ?

 

 

Sylvain Dorschner

Sylvain Dorschner travaille depuis près de vingt ans dans l’animation et le développement des écosystèmes de croissance. Ses fonctions de directeur général de la Technolpôle de...

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