Why does manufacturing matter ? Which manufacturing matters?

Le titre du récent rapport du think tank américain Brookings le dit clairement : l’industrie c’est important ! Il le démontre également, mais va plus loin en mettant en lumière quel type d’industrie doit être soutenu.

Dans son récent rapport (février 2012), The Brookings Institution apporte de l’eau au moulin des adeptes du soutien à l’industrie manufacturière étatsunienne.  Il écrit : « La nation ne doit pas accepter passivement le déclin ou la stagnation des emplois dans l’industrie, ni celle des salaires ni celle de la production ». Aux Etats-Unis, à la différence de la France, le débat est encore très vif sur le principe même d’une politique en faveur de l’industrie.

Pour les auteurs du rapport, Susan Helper, Timothy Krueger et Howard Wial, la production manufacturière est cruciale car :
– elle crée des emplois à salaire élevé pour ceux qui, autrement, devraient se contenter de bas salaires
– elle est une source majeure d’innovation commerciale et est essentielle à l’innovation dans les services
– elle est susceptible d’apporter une contribution majeure à la réduction du déficit commercial
– elle contribue de façon disproportionnée, en regard de sa taille, au développement durable.

C’est assez classique, mais argumenté. Deux points toutefois méritent d’être soulignés. D’abord l’étude met en évidence que les vrais gains de productivité de l’industrie américaine seraient bien inférieurs à ce que disent les statistiques (2,3 % par an entre 1997 et 2007 au lieu de 5,4 %), donc que l’industrie se porte encore moins bien qu’on ne l’imagine. Ensuite, à rebours des idées reçues, elle affirme que les gains de productivité ne sont pas la source majeure des pertes d’emplois, pas plus, d’ailleurs, que les salaires élevés.

Autre originalité, Brookings ne préconise dans ce rapport aucune politique particulière ; en revanche, l’institution tente de cerner quels sont les types d’industrie les plus aptes à apporter les quatre contributions à l’économie qu’elle a identifiées et à créer de l’emploi. Elle se base pour cela sur l’étude attentive de l’évolution de l’emploi dans l’industrie depuis 2001.

La conclusion, abruptement résumée : ce sont les secteurs utilisant des systèmes de production avancés (« high-road production ») et payant de hauts salaires qui sont les plus porteurs. Résultat, tout bien pesé, les quatre industries à privilégier seraient :
– La production d’ordinateurs et d’électronique
– La chimie, y compris la pharmacie
– Les transports, y compris l’aéronautique, l’automobile et les composants
– Les machines.

L’étude est en réalité un peu plus subtile car elle constate qu’il y a « d’immenses variations de productivité et de salaires entre les industries mais également à l’intérieur d’une même industrie ». Par conséquent : « même dans les industries avec une faible productivité et des salaires moyens, il y a un important potentiel d’amélioration, à condition qu’elles adoptent des modes de production avancés. »

Conclusion et recommandation finale : « La politique industrielle devrait aider davantage d’entreprises à adopter des moyens de production avancés et pour cela, faire porter ses efforts sur la R&D, la formation des travailleurs, le financement de l’investissement productif et la réinvention de mécanismes pour créer et partager les gains de productivité. »

A quoi le rapport ajoute : « Cette politique doit être menée simultanément à plusieurs niveaux : au niveau de l’économie toute entière, de façon spécifique pour chaque type d’industrie et même de façon spécifique au niveau de l’entreprise. La responsabilité doit en outre être partagée par le gouvernement, les employeurs, les travailleurs et les syndicats. »

 

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