Le recrutement des jeunes passe par un nécessaire renouveau de la communication
Alors que l’industrie recrute massivement, le recrutement des jeunes reste un défi majeur. L’image de métiers pénibles et peu flexibles freine l’attractivité d’un secteur pourtant en pleine mutation technologique et écologique. Pour séduire les nouvelles générations, les industriels misent de plus en plus sur des formats concrets, incarnés et inclusifs, capables de redonner du sens et de la visibilité aux opportunités offertes.
Le recrutement des jeunes et leur rapport au travail
Selon un sondage de l’Ifop réalisé en 2024, seulement 11 % des Français recommanderaient sans réserve un travail dans l’industrie. Pourtant, alors que le taux d’emploi des jeunes baisse (−0,6 point en 2024 d’après l’Insee), le secteur industriel, lui, recrute massivement. Comme le rappelait Jean Viard, sociologue et homme politique, en octobre 2024 sur France Info : « On va créer, en dix ans, 1 million d’emplois dans ce secteur. »
Et pourtant, dans ce contexte de réindustrialisation annoncée, la France manque de main-d’œuvre. Le media Les Meufs de l’Industrie (LMDI) a identifié plusieurs freins à l’attractivité du secteur. Premier frein : les jeunes pensent qu’il s’agit de métiers pénibles, rigides, aux horaires contraignants et soumis à un management autoritaire. Cette vision se confronte au désir exprimé par les jeunes d’une certaine flexibilité dans leur travail, avec un accès au télétravail. Or, dans les faits, si 36,4 % des Français télétravaillent au moins un jour par semaine (source Insee, 2024), cette pratique est encore difficilement compatible avec le fonctionnement industriel.
Les nouvelles générations cherchent également de la stabilité, et du sens dans leur travail. Face à cette quête de sens et de travail valorisant, l’image de secteur polluant, partagée par 72 % des Français (source : Ifop), dont souffre l’industrie est un deuxième frein majeur. Et pour ce qui est de la recherche de stabilité, les chiffres des sondages ne sont pas en faveur du secteur industriel : en 2024, un rapport de l’Observatoire Arts et Métiers révélait que 77 % des Français et 83 % des ingénieurs estiment que l’industrie française est en déclin. Trois ingénieurs sur quatre dénoncent d’ailleurs un manque d’investissement public dans la modernisation et la transition écologique du secteur.
Nous observons aussi un décalage entre l’offre et la demande, entraînant surcharge de travail pour les salariés, baisse de productivité… et augmentation des coûts pour les entreprises, notamment en intérim. Par exemple, aujourd’hui, la France forme 40 000 ingénieurs par an, alors qu’il en faudrait 60 000 (source : CCI France).
Avec la transition écologique, la robotique et les nouvelles technologies, l’industrie fait pourtant face à de nombreux défis passionnants. Former et informer les jeunes sur les métiers de l’industrie nécessite des changements profonds dans les méthodes de communication et une réelle adaptation aux nouveaux modes de vie.
Pour renforcer son image et son attractivité, il est essentiel de mettre en lumière les progrès réalisés par l’industrie, ses engagements et les opportunités qu’elle offre grâce à une communication percutante.
D’ailleurs, de plus en plus d’industriels prennent conscience de l’importance de communiquer autrement pour attirer les talents, notamment les jeunes et les femmes encore peu présentes dans certains secteurs industriels (Selon l’Insee, les femmes représentaient 28,5 % des effectifs dans l’industrie en France en 2020). On observe une montée des formats plus incarnés, tournés vers le terrain, qui montrent les métiers tels qu’ils sont vraiment. Filmer dans une usine, donner la parole à des techniciennes ou à des alternants : ce sont souvent ces contenus-là qui suscitent le plus d’intérêt.
Ce qui fonctionne, ce sont les formats concrets, courts, donnant la parole à des personnes qui sont directement sur le terrain, avec des parcours accessibles. À l’inverse, les communications trop institutionnelles ou déconnectées du quotidien ont moins d’écho.
Une tendance forte également : la valorisation des rôles modèles féminins. Montrer qu’il est possible d’être cheffe d’atelier ou électrotechnicienne a un impact réel sur la projection des jeunes filles dans ces métiers.
Ce changement de ton permet non seulement d’améliorer l’image du secteur, mais aussi de répondre aux enjeux de recrutement dans un contexte de forte tension sur les compétences.