Lycée professionnel et apprentissage : complémentaires ou concurrents ?

Extrait de la note « Formation professionnelle et industrie : le regard des acteurs de terrain ».

L’enseignement professionnel en lycée et l’apprentissage sont deux filières de formation différentes, toutes deux accessibles aux élèves à l’issue du collège. Elles se retrouvent donc en quelque sorte en concurrence, à plus forte raison dans un contexte général où les formations menant à des métiers industriels peinent à attirer des candidats1.Cette concurrence est également renforcée par le fait que l’apprentissage occupe une place particulière au sein du système éducatif français : les deux systèmes n’étant pas gérés par les mêmes acteurs, chacun peut chercher à attirer le plus de candidats possible.

A l’inverse des lycées professionnels, l’apprentissage ne dépend en effet pas uniquement du ministère de l’Education nationale mais également de celui du Travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social. Un récent rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS)2 indique que, en conséquence, « nombre de responsables ministériels considèrent [l’apprentissage] davantage comme un élément constitutif de la politique de l’emploi que de la politique éducative. » La gouvernance de la politique d’apprentissage regroupe en outre de nombreux acteurs extérieurs au monde de l’école tels que les branches professionnelles, les chambres consulaires, les entreprises, les conseils régionaux, etc.

La tendance actuelle est toutefois à l’intégration progressive de l’apprentissage au sein de l’Education nationale, notamment grâce au développement de la mixité des parcours et des publics. Les deux systèmes ne doivent pas être considérés comme concurrents mais plutôt comme complémentaires. Il ne s’agit pas d’uniformiser les approches pédagogiques qui, comme l’explique Sabine Coste, chercheuse à l’ENS-Lyon, « visent des objectifs différents en termes d’acquisition de savoir-faire et de compétences ».

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Le lycée professionnel a pour objectif d’inculquer aux élèves des connaissances moins spécifiques, et donc plus « transférables », que l’apprentissage. Lionel Pinard, proviseur du lycée des métiers de Gennevilliers, relève que « ces capacités plus générales leurs permettent de valoriser leur formation à travers différents emplois et autorisent une mobilité plus forte. » Sabine Coste note par ailleurs que « le lycée professionnel peut représenter une solution plus sécurisante pour un élève, car il faut ‘oser’ se lancer en apprentissage, se confronter au monde du travail. »

L’apprentissage, pour sa part, a comme principal intérêt de permettre aux jeunes d’acquérir des compétences très proches des besoins d’un secteur ou d’une entreprise – les apprentis ont d’ailleurs le statut de salarié de l’entreprise. L’ancrage dans le monde du travail offert par les périodes d’alternance facilite ensuite leur insertion professionnelle3 . Celle-ci est en effet bien meilleure, quantitativement et qualitativement, que celle des lycéens. En février 2012, ils étaient 68,8 % à être en emploi sept mois après la fin de leurs études, contre 47,8 % pour les élèves de lycée. De même, parmi les apprentis en emploi, 58,6 % étaient en CDI, contre 36,9 % chez les lycéens.

Accéder à la note « Formation professionnelle et industrie : le regard des acteurs de terrain ».

 


1Cette concurrence s’explique également par le fait que les formations en alternance se développent depuis quelques années dans les lycées professionnels.
2Desforges, C., & al, 2014.
3Sollogoub, M., Ulrich, V., 1999

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