Quel chemin pour une réindustrialisation de la France ?

Compte-rendu du troisième Entretien de La Fabrique « Quel chemin pour une réindustrialisation de la France ? ».

Dans son ouvrage, La France doit choisir, Jean-Louis Beffa s’élève contre la place faite au libéralisme des capitaux dans l’économie française et aux actionnaires dans la gouvernance des entreprises. Il prône, d’une part, le retour à un modèle “industriel et commercial”, donnant la priorité au commerce extérieur et par conséquent à l’industrie et, d’autre part, l’adoption du modèle de gestion d’entreprise à l’allemande, selon lequel les choix stratégiques de l’entreprise résultent de la recherche de compromis entre représentants des dirigeants et représentants des syndicats. Ce dispositif permet en effet une meilleure prise en compte de l’intérêt de l’entreprise à long terme mais aussi de l’intérêt national.

Il souhaite également que l’État français s’emploie à remettre les grands groupes industriels français au service de l’économie nationale en leur accordant des avantages fiscaux et des crédits qui les inciteront à prendre à nouveau des risques en France. De ce point de vue, il estime que le Crédit impôt recherche n’impose pas suffisamment de contreparties aux grandes entreprises et qu’il devrait être au moins partiellement employé à soutenir de grands projets collaboratifs entre grandes et petites entreprises. Jean-Noël de Galzain, patron d’une PME technologique, se félicite des premiers résultats de la politique des pôles de compétitivité, axée sur le développement de projets de R&D collaboratifs, et relaie le souhait des PME de pouvoir s’appuyer encore davantage
sur les grands groupes, notamment pour leur développement à l’export.

Patrick Pélata, conseiller du PDG de Renault, donne en exemple la politique de délocalisation  de l’industrie allemande et montre comment, dans le cas de Renault, les délocalisations sont le gage du maintien d’une industrie automobile en Europe tout en faisant bénéficier la France d’un bilan économique positif. Tous les trois militent pour un déplacement significatif des charges du travail vers la consommation, afin de rendre l’industrie française plus compétitive et de donner les moyens d’investir à ce secteur beaucoup plus exposé que les services. Pour Jean-Louis Beffa, les éventuelles mesures prises en France ne seront toutefois pas suffisantes : il appelle à l’abandon de l’Europe des 27 et du principe de la concurrence “à l’anglaise” pour refonder une Europe économique plus restreinte et mieux coordonnée.

Partager
Imprimer
Pour réagir