Face à la grande démission, une politique RSE ambitieuse devient une nécessité

Au premier semestre 2022, 469 000 salariés en CDI ont démissionné selon la Dares, soit 20% de plus qu’en 2020. Si cette grande démission frappe de plein fouet les secteurs de la restauration et de l’hôtellerie, l’industrie n’est pas épargnée. Ce phénomène pourrait même s’amplifier dans l’industrie sous l’influence de la crise climatique et écologique. Dans ce contexte, la RSE prend un caractère stratégique nouveau.

Dans un contexte de digitalisation accélérée et d’adoption progressive des techniques de l’industrie 4.0, les entreprises industrielles se livrent une course aux talents de plus en plus concurrentielle. La réussite de ces sociétés en pleine mutation dépend en effet en grande partie de leur capacité à attirer les candidats les mieux formés et les plus dynamiques, en particulier les jeunes ingénieurs. Or, c’est précisément au sein de cette population fortement diplômée que la prise de conscience des enjeux sociaux et environnementaux est la plus forte. De nombreuses études le montrent, la sensibilité des individus aux questions de responsabilité sociale et environnementale est très fortement corrélée à leur niveau d’étude. Selon un rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), ce sont ainsi 58% des personnes ayant suivi des études supérieures qui soutiennent les politiques de lutte contre la crise climatique, contre 42% pour les personnes moins diplômées. Pour séduire des candidats en position de choisir leur employeur en fonction de leurs valeurs, les entreprises les plus éthiques sont donc largement avantagées. Loin d’être un simple engagement éthique, une politique RSE peut donc également devenir un atout décisif pour améliorer leur marque-employeur.

Une remise en question profonde des processus de l’entreprise

La question qui se pose aux recruteurs est alors celle-ci : quelle politique RSE est susceptible d’être suffisamment engageante et motivante pour donner du sens à l’action de jeunes diplômés et maintenir leur engagement sur le long terme ? Pour y répondre, il s’agira d’abord de définir des démarches RSE concrètes prouvant un engagement authentique de l’entreprise. Un tel engagement implique une remise en question profonde des processus de gestion et de production ainsi que le développement d’outils de mesures permettant d’attester de l’impact social et environnemental de l’entreprise ou, à défaut, de la baisse de son empreinte écologique. Ces outils de mesure, éventuellement complétés par des dispositifs de certification extérieurs, permettront aux recruteurs de communiquer efficacement. Les offres d’emploi et les sites carrière pourront ainsi mettre en avant la possibilité pour les candidats de travailler dans un cadre chargé de sens au sein d’une entreprise consciente de son impact sur la société comme sur l’environnement.

Un environnement de travail accordé aux valeurs des candidats

La RSE est une démarche transversale qui concerne tous les aspects de l’activité de l’entreprise. Outre l’environnement, il importe également de ne pas négliger d’autres dimensions fondamentales telles que: les conditions de travail, le dialogue social, l’inclusion des personnes en situation de handicap, la lutte contre les discriminations et le harcèlement, le respect de la parité homme-femme, l’ancrage au sein d’un territoire, la responsabilité fiscale, etc. En mettant en avant leurs engagements sur chacun de ces terrains, les entreprises industrielles ont l’occasion de se positionner comme des entreprises responsables mais aussi de décrire un environnement de travail attractif et correspondant aux valeurs des candidats.

Face à la grande démission, une politique RSE ambitieuse n’est ainsi plus un simple atout mais une véritable nécessité stratégique sans laquelle les entreprises recruteuses pourraient passer à côté des meilleurs talents. Pour des candidats en quête de sens, les engagements sociaux et environnementaux, suivis d’actes concrets, sont des arguments particulièrement attractifs.

 

 

 

Thierry Cavaillé est Country Manager France au sein de la société 9altitudes, spécialisée sur les questions d’industrie 4.0.

Thierry-Cavaille

Thierry Cavaillé

Thierry Cavaillé est Country Manager France au sein de la société 9altitudes (anciennement Ad Ultima Group), spécialisée sur les questions d’industrie 4.0.
Après de nombreuses...

Lire la bio de l'auteur
Devenez contributeurs !

Vous avez des choses à dire sur l’industrie d’aujourd’hui (ou de demain) ? Pour réagir à nos travaux ou nous proposer les vôtres, écrivez-nous !

Devenir contributeur
Partager
Imprimer
Pour réagir