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L’investissement immatériel de l’industrie française est moins élevé qu’on ne le croit

La Fabrique de l’industrie publie aujourd’hui, en partenariat avec l’OFCE, sa Note n°31 intitulée « À la recherche de l’immatériel : comprendre l’investissement de l’industrie française ». Il s’agit du prolongement de l’étude publiée en octobre 2018, « L’investissement des entreprises françaises est-il efficace ? », qui mettait en évidence la singularité de l’investissement immatériel des entreprises manufacturières françaises.

Cette Note explique pourquoi le taux d’investissement dans les logiciels des industriels français apparaît aussi élevé dans les comptes nationaux. Pour l’essentiel, cela découle de pratiques de comptabilisation différentes entre les offices statistiques. Il semble néanmoins que les dépenses en logiciels et services informatiques de nos industriels soient légèrement plus élevées que celles de leurs voisins. Ces dépenses sont concentrées dans les grandes entreprises et dans quelques secteurs ; le passage au numérique du tissu industriel n’en est donc encore qu’à ses débuts. À tout le moins, l’industrie française ne compense pas dans les actifs intangibles son sous-investissement dans les capacités de production.

Un surinvestissement en logiciels moins important que prévu

Selon les comptes nationaux, le taux d’investissement dans les logiciels et bases de données du secteur manufacturier français est de 6,3 % de la valeur ajoutée en 2017 contre 1 % en Allemagne. On pourrait donc croire que la France investit considérablement plus dans l’immatériel. En examinant les données de plus près, on s’aperçoit cependant que ce surplus provient en grande partie d’un traitement différent des dépenses correspondantes dans la comptabilité nationale française : elles y sont plus largement immobilisées que dans les autres pays, où elles sont plus souvent comptabilisées comme des consommations intermédiaires. En gommant cette différence, les dépenses totales de logiciels et services informatiques de la branche manufacturière restent toutefois un peu plus élevées en France qu’ailleurs, moyennant un surplus de l’ordre de 2 milliards d’euros.

Une répartition très inégale de l’investissement

L’étude révèle la concentration des investissements immatériels au sein d’un petit nombre de grandes entreprises et la faiblesse de tels investissements parmi les entreprises de petite taille. Ainsi, 15 % seulement des entreprises manufacturières ont un investissement immatériel non nul chaque année et près de 40 % de cet investissement immatériel est réalisé par les grandes entreprises. Par ailleurs, le secteur de la fabrication de produits informatiques, électroniques, optiques et électriques et celui de la fabrication de matériels de transport sont les deux qui investissent le plus dans l’immatériel, loin devant les autres. Cette concentration importante suggère que la numérisation de l’industrie n’en est finalement qu’à ses débuts et que l’effort d’investissement immatériel doit se généraliser à un plus grand nombre d’entreprises.

L’investissement immatériel ne se fait pas au détriment des capacités de production

Le surinvestissement français dans l’immatériel peut parfois être perçu comme le reflet d’une volonté de privilégier les activités de conception (logiciels, bases de données, R&D…) au détriment des machines et équipements de production. En réalité, ces deux types d’investissement s’avèrent complémentaires. Tout en gardant à l’esprit que la moitié des entreprises manufacturières françaises ont un stock de capital immatériel nul, il faut donc retenir que les entreprises qui investissent dans les actifs immatériels investissent simultanément dans leurs capacités de production.

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