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Les véritables moteurs de l’innovation ? Une recherche d’excellence et une base industrielle solide

Sans un renforcement déterminé et conjoint de son appareil de recherche et de son tissu productif, la France ne pourra pas retrouver une place parmi les nations les plus innovantes. 

Ce constat est celui de Vincent Charlet, délégué général de La Fabrique de l’industrie, dans la Note À la source des innovations de rupture. Qui cherche ? qui innove ?. À l’issue d’un travail inédit sur les données mondiales de brevets et d’articles scientifiques, ce dernier remonte à la source des innovations, et plus spécifiquement aux plus stratégiques d’entre elles : celles des technologies dites “de rupture”.

L’innovation stratégique est massivement nourrie par la science

Pour le tableau général, que ce soit directement ou indirectement, 80 % des articles scientifiques publiés dans le monde finissent par inspirer des brevets et 60 % des brevets s’appuient sur des publications scientifiques. L’innovation est donc globalement nourrie par la science et ne procède pas uniquement d’un instinct d’invention à l’écoute du marché. Cette conclusion se double d’un deuxième constat, permis par l’analyse de 100 000 brevets liés à douze technologies de rupture : les innovations stratégiques, celles qui annoncent des game changer pour l’économie, reposent sur la science d’excellence. Seuls les articles de très haut niveau, c’est-à-dire ayant un fort impact académique, alimentent l’innovation de rupture. 

L’innovation n’est pas une affaire de patriotisme

Est-ce qu’un pays très actif en innovation de rupture est forcément très actif également en science d’excellence, et inversement ? Clairement non. Les connaissances circulent abondamment et très librement entre auteurs d’articles scientifiques et déposants de brevets. Une majorité de pays alimente par son effort de recherche bien plus de brevets de rupture étrangers que de brevets domestiques, tout comme ses propres déposants de brevets s’inspirent davantage d’articles étrangers que d’articles nationaux. Il convient donc de se départir de l’idée qu’il existerait des pays « naïfs » offrant généreusement leur science aux industries du monde entier pendant que d’autres « prédateurs » sauraient s’en protéger tout en captant les fruits de la recherche internationale au profit de leur industrie.

Pour peser dans l’échiquier mondial, savoir exceller dans la recherche ou passer à échelle

Quel est le point commun entre le Japon, la Corée et les États-Unis, les trois pays dominants au palmarès des innovations de rupture ? C’est de savoir cultiver avec intensité au moins un atout parmi trois : une excellence académique source d’une science brevetable attractive pour les inventeurs du monde entier, un alignement des domaines d’excellence scientifique et des activités d’innovation, et enfin la capacité de la base industrielle à tirer parti de ce capital intellectuel et à s’engager massivement dans les activités innovantes.

En la matière, en Europe et plus spécifiquement en France, la recherche et la base industrielle sont chacune trop affaiblies pour jouer un rôle majeur dans l’avènement des technologies prometteuses du siècle qui vient. Une tendance qu’il nous faut inverser sans tarder, particulièrement à l’heure où le contexte géopolitique semble annoncer un regain des rivalités technologiques intercontinentales. 

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