Nos entreprises sont-elles exposées au risque protectionniste ?

La Fabrique de l’industrie publie aujourd’hui sa Note n°29 intitulée La France est-elle exposée au risque protectionniste ?

Dans un contexte de tension internationale, entre le programme souverainiste de Donald Trump, la hausse des tarifs douaniers et la dénonciation des pratiques commerciales chinoises, les auteurs analysent l’insertion des entreprises françaises dans les chaînes de valeur mondiales. Ils montrent que, à ce jour, le risque commercial est surtout prégnant vis-à-vis de la Chine.

Du fait des échanges internationaux réalisés par leurs entreprises, les pays constituent des « maillons » plus ou moins insérés dans les chaînes de valeur mondiales (CVM). Avec 21 % de valeur ajoutée étrangère contenue dans ses exportations brutes en 2015 (contre 9 % pour les États-Unis et 17 % pour la Chine), la France y est fortement intégrée, comme les autres pays européens. Cela peut apparaître comme une vulnérabilité à l’heure où les deux superpuissances sont de plus en plus agressives et autocentrées. Heureusement, le marché européen constitue un cadre stable et protecteur pour les États membres.

La France et les pays européens sont davantage internationalisés

L’étude révèle que les produits issus des industries françaises, comme dans la majorité des pays européens, passent par davantage d’étapes de production à l’étranger que les produits chinois et américains avant d’atteindre leur marché final. L’industrie française a donc besoin d’un commerce mondial libre, non entravé par des barrières douanières. En outre, les industriels européens consomment bien plus de valeur ajoutée chinoise que leurs homologues chinois n’importent de valeur ajoutée européenne. La stratégie européenne à adopter face aux superpuissances chinoise et américaine devient donc une question incontournable. Les États européens ont tout intérêt à éviter l’embrasement d’un conflit protectionniste, tout en faisant admettre qu’ils se heurtent déjà de facto à une stratégie de fermeture de la part de la Chine.

Pas de démondialisation mais une montée des régionalismes

A contrario des pays de l’Union européenne, les États-Unis sont assez peu insérés dans les CVM, en raison notamment de la taille de leur territoire. La Chine, elle, dépend de moins en moins des importations étrangères pour alimenter ses propres exportations. Le constat que ces deux pays cherchent à se recentrer sur eux-mêmes pourrait donner l’impression d’un ralentissement de la mondialisation. Il n’en est rien : l’insertion mondiale des États-Unis est stable, tout comme le sont à ce jour leurs échanges avec l’UE. La Chine, elle, a réussi à passer du statut de pays assembleur à celui de puissance industrielle de tout premier plan : elle produit de plus en plus elle-même la valeur ajoutée qu’elle exporte – et qu’elle consomme. Parler de démondialisation serait donc impropre : on assiste plutôt à une montée des régionalismes et à la mise en œuvre d’une volonté politique des deux superpuissances de privilégier leur production domestique et leur marché intérieur.

Impénétrable et conquérante : le double exploit de la Chine

L’un des enseignements majeurs de cette étude est la nouvelle place conquise en dix ans par la Chine sur la scène internationale. Elle est parvenue à faire baisser la part de valeur ajoutée étrangère contenue dans ses exportations brutes de près de 10 points, tout en augmentant sensiblement la part de valeur ajoutée chinoise dans la demande manufacturière finale des pays européens (de 2,5 % à 6,9 % pour la France). Cet essor, s’appuyant sur un capitalisme d’État non coopératif, pose la question de la réaction possible des pays de l’Union européenne. La défense des intérêts de l’UE passe par une réflexion autour de sa politique commerciale et industrielle. L’heure de repenser la stratégie industrielle européenne a-t-elle sonné ?

La Note est disponible dans son intégralité sur le site de La Fabrique de l’industrie ainsi que sur le site des Presses des Mines.

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