L’industrie française : un jardin encore cultivable ?

La Fabrique de l’industrie publie aujourd’hui, en partenariat avec la Fondation nationale entreprise et performance (FNEP), un ouvrage intitulé Cultivons notre industrie, un défi culturel, humain et territorial. Ses auteurs ont parcouru et étudié six pays pendant un an, comparant les politiques industrielles mises en œuvre, depuis la Rust Belt des États-Unis jusqu’à la Corée du Sud. Forts de ces observations, ils proposent une grille de lecture inédite sur la désindustrialisation.

La mondialisation, le progrès technique et le transfert d’emplois industriels vers le secteur des services ont eu pour effet un recul des effectifs employés dans l’industrie en France de 36 % entre 1980 et 2007. La part de l’industrie manufacturière dans le PIB est passée de 14,1 % en 2000 à 10,2 % en 2016. Il s’en est d’ailleurs fallu de peu que ne s’impose progressivement la vision candide d’un pays bientôt sans usine. Ces dernières années, les travaux de recherches, aussi bien que l’actualité, ont rappelé à quel point ce serait une fausse piste.

Si le rôle de l’industrie, élément essentiel de la prospérité économique et de la cohésion sociale du pays, n’est plus à prouver, comment concrètement faciliter la production en France ? Forts des études de terrain réalisées dans six pays (Allemagne, Italie, Suisse, Angleterre, États-Unis, Corée du Sud), les auteurs de l’ouvrage ciblent des idées « à cultiver » autour de trois piliers.

Développer la culture industrielle française

L’industrie souffre d’un déficit d’image. Il est très difficile pour les entreprises de recruter – en particulier parmi les jeunes – pour des métiers présentant pourtant de nombreux avantages (salaires plus élevés, métiers qualifiés, ancrage territorial). Cette perception négative serait d’origine culturelle. En Allemagne, les élèves découvrent très tôt les métiers industriels. L’association patronale bavaroise a choisi d’affréter un bus qui sillonne la Bavière pour montrer les métiers de l’industrie aux élèves. Ils ont par ailleurs tous dans leur enfance déjà visité un site de production Audi ou BMW.

Anticiper et valoriser les compétences pour l’industrie de demain

Automatisation, intelligence artificielle, développement durable… : l’emploi industriel est en pleine mutation. S’adapter à ces transformations est un prérequis majeur à la réindustrialisation du pays. L’Italie s’est déjà saisie du sujet avec la mise en place d’un crédit d’impôt pour la formation des salariés aux technologies de l’industrie 4.0. Aux États-Unis, au sein de la Rust Belt, un certificat de technicien en robotique est en passe d’être créé par le laboratoire ARM (Advanced Robotics for Manufacturing Institute) rassemblant des entreprises et des grandes universités.

Cultiver l’attractivité de nos territoires

L’ancrage territorial des entreprises industrielles est essentiel à leur développement. En témoigne la mesure des « territoires d’industrie », lancée par le gouvernement d’Edouard Philippe. Rendre nos territoires attractifs suppose une mobilisation, à l’instar de ce que l’on observe en Corée du Sud, qui pour chaque région a créé un « conseil de promotion ». Le lien entre le gouvernement central et les organisations territoriales se fait via le « comité pour le développement équilibré des territoires », dans lequel sont représentés chaque président de région, des représentants du privé, d’ONG et d’organisations professionnelles pour contribuer à la définition des politiques publiques à l’échelle nationale.

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