Pierre-André de Chalendar et Louis Gallois : l’industrie française peut revenir dans la course mondiale
Louis Gallois et Pierre-André de Chalendar, co-présidents de La Fabrique de l’industrie, ont présenté leurs vœux à la presse ce jeudi 25 janvier 2018. L’occasion pour eux de partager quelques préconisations afin que la reprise économique et industrielle se double d’un nécessaire regain de compétitivité.
À l’international, se positionner comme une industrie haute-de-gamme
Les signes de reprise économique sont manifestes, notamment dans l’industrie, mais la France accuse toujours un déficit de compétitivité. « Tout n’est pas rose. Le commerce extérieur se dégrade, avec un solde négatif de 63 milliards d’euros » a indiqué Pierre-André de Chalendar, « or 65 % des entreprises exportatrices sont industrielles. L’industrie est donc motrice dans la reprise économique française. » Louis Gallois a ajouté qu’était « impératif de mettre à niveau le parc productif français, parvenu au maximum de ses capacités actuelles et incapable de répondre à l’accroissement de la demande mondiale. » La montée en gamme de notre industrie est indispensable. « Un produit allemand, c’est un produit de qualité dans l’esprit des consommateurs. Il faut, de même, créer une image de qualité pour la production française » a proposé M. Gallois.
Face au manque de main-d’œuvre, renforcer la formation professionnelle et répondre aux besoins en compétences
« Rien ne sert d’investir dans la performance technique ou industrielle du parc productif si l’on n’investit pas dans le même temps dans la montée en qualification du personnel » assure le PDG de Saint-Gobain. La formation professionnelle est incontestablement un levier important de compétitivité. « Le marché des personnes qualifiées est très tendu, pendant que, à l’inverse, les chômeurs de longue durée n’arrivent pas à bénéficier de l’activité économique. La seule manière de remédier à ce paradoxe est de développer la formation professionnelle. »
Étendre les allègements de charge au profit de la compétitivité et de l’emploi
Autre levier de compétitivité pour les co-présidents de La Fabrique de l’industrie : le coût du travail qualifié en France. Louis Gallois a indiqué que « le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, est conscient de l’intérêt de faire porter les allégements de charges sur les salaires intermédiaires, c’est-à-dire entre 2,5 et 3 fois le Smic. C’est un premier pas ; je l’encourage à aller jusqu’à 4. » Pierre-André de Chalendar complète : « à salaire brut égal, un ingénieur français coûte à son employeur 20 % à 30 % plus cher qu’un ingénieur allemand, du fait du barème des charges patronales. » Depuis plus de 20 ans, la France privilégie les aides sur les bas salaires pour tenter de réduire le chômage des personnes peu qualifiées. Mais c’est une mesure de court terme, aux effets discutés. Pour Louis Gallois, « Il faut également penser au maintien à long terme de la compétitivité. » En bénéficiant aux entreprises exposées à la concurrence internationale, un allègement sur les salaires intermédiaires permettrait d’assurer plus d’activité et à terme plus d’emploi, de tous niveaux de qualification, tout en améliorant notre balance commerciale et en stimulant la croissance. Le coprésident de La Fabrique explique qu’« il faut cependant s’assurer que ces allègements n’alimentent pas l’inflation salariale. »