La France sans usines ?

Vidéo de la conférence du 25 janvier, autour de la présentation du livre de Patrick Artus (La France sans ses usines, éd. Fayard), avec Christel Bories et Jean-Michel Charpin.

La France est l’un des pays où l’emploi manufacturier a le plus reculé (voir en vidéo), ce qui a entraîné une dégradation continue de sa balance commerciale. Parmi les raisons invoquées, Patrick Artus cite le fait que notre industrie, en se maintenant globalement dans le milieu de gamme, est désormais concurrencée par les pays émergents (vidéo). D’autres pays européens, comme l’Allemagne, ont fait le choix de monter en gamme dans tous les secteurs industriels.

Il note également la grande fragilité du tissu français de PME, « massivement rachetées » par des grands groupes chaque année, et la dureté toute particulière des relations entre donneurs d’ordres et sous-traitants en France (vidéo).

Pour remédier à la situation actuelle, le protectionnisme ne paraît pas la bonne solution. Patrick Artus préconise de mettre l’accent sur une politique de l’offre, d’utiliser les délocalisations pour monter en gamme plutôt que pour fabriquer des produits bas de gamme, de créer une administration spécifique pour les PME, de réformer les aides à l’emploi ou encore de transférer les charges sociales vers la CSG (vidéo).

Jean-Michel Charpin suggère de réorienter partiellement les aides à l’emploi vers la partie exposée de l’économie plutôt que vers les seuls emplois abrités (vidéo).

Selon Christel Bories, la montée en gamme permet de relever les prix et de dégager des marges concourant à la compétitivité (vidéo). Cela passe notamment par une réorientation progressive du portefeuille de produits et par un renforcement des services apportés aux clients.

En outre, elle juge hautement nécessaire d’améliorer la qualité du dialogue social en France. Son expérience de terrain lui a montré que, dans d’autres pays, les représentants des salariés et des employeurs savaient – sans intervention systématique de l’Etat – nouer des dialogues constructifs, tout en défendant efficacement leurs intérêts respectifs (vidéo). 

Louis Gallois estime nécessaire de casser le cercle vicieux de la désindustrialisation et de l’érosion des marges. Il se dit, pour cette raison, favorable au transfert d’une partie des charges sociales sur la fiscalité, afin de créer un « choc de compétitivité ». Ce transfert doit être accompagné de mesures fiscales incitant les entreprises à traduire ces marges recouvrées sous forme de nouveaux investissements (vidéo).

Patrick Artus estime que des mesures de ce type seraient facilement contournées. Mais, compte tenu du faible taux d’auto-financement des entreprises françaises, on peut escompter que la marge dégagée irait spontanément vers l’investissement (vidéo).

Jean-Michel Charpin estime que la réforme fiscale n’a joué qu’un rôle secondaire dans la réussite allemande : les leviers principaux en furent, selon lui, la maîtrise des dépenses publiques et la réforme du marché du travail.

 

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