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100 jours pour défaire ou refaire la France

« Nous avons 100 jours pour éviter une crise majeure à notre système économique et social ; 100 jours pour éviter 10 ans de rigueur ». Un message clair, un livre pédagogique et bien documenté.

Les économistes ont sur certains sujets des appréciations divergentes : les 35 heures auraient par exemple créé à long terme 500 000 emplois selon l’IRES ou en auraient détruit 200 000 selon Rexecode (l’Insee et la Dares estimaient en 2004 leur impact à 350 000 créations). Pourtant, il y a des vérités solides : on ne peut durablement consommer plus de biens et services qu’on n’en produit. Même les Etats-Unis, malgré leur privilège exorbitant d’émettre la monnaie des échanges mondiaux, subissent désormais cette contrainte.

Grâce à un pacte social privilégiant le maintien de l’emploi dans les creux de conjoncture, et le développement industriel sur les revenus des salariés, l’industrie allemande a obtenu des marges d’exploitation qui lui donnent les moyens d’investir dans l’innovation et la montée en gamme. Elle montre que « le cercle vertueux : excédent commercial, excédent budgétaire, désendettement s’enclenche assez vite, si la base de départ est bonne, le message clair, le consensus obtenu […] Il ne s’agit plus pour nous de consommer à crédit, mais de produire, en combinant profit et emploi ». Toutefois, il y faut du courage : la politique du chancelier Schröder a marché, mais il a perdu les élections.

Clés de cette reconquête : une dépense publique plus efficace ; une combinaison astucieuse de services et de produits, mêlant projection mondiale des réseaux commerciaux et de services, et consolidation de la base productive du territoire ; une politique favorable aux entrepreneurs, à la construction de logements, aux classes moyennes. Les pays qui ont réussi des redressements spectaculaires, il y a une quinzaine d’année (Suède, Finlande, Canada), sont passés par la même séquence : réforme de l’Etat, dialogue et dévaluation. L’impossibilité aujourd’hui d’une dévaluation par rapport à l’Allemagne rend indispensable la règle d’or d’une stricte discipline budgétaire.

Au passage, le livre comporte quelques mises au point intéressantes, par exemple sur la signification du principe de précaution («dans le doute, mets tout en œuvre pour agir au mieux», résumaient Kourilsky et Viney, auteur du rapport de 1999). Il relativise également les discours sur la croissance des inégalités de revenus : depuis plusieurs décennies, le rapport entre le revenu moyen des 10% les plus favorisés et celui des 10% les moins favorisés serait stable, environ égal à 3. Les 1% les plus favorisés recevraient 8% des revenus avant impôts depuis… 1945 (contre 16% aux Etats-Unis, 12% au Royaume-Uni ou au Canada, 10% en Allemagne). Le malaise est surtout ressenti par les classes moyennes, dont le revenu moyen croît moins vite que le revenu minimum.

Le point de vue de La Fabrique
Le mérite du livre ne vient pas de l’originalité des thèses qu’il défend, puisque son auteur affirme que «tout le monde a rejoint le camp de l’offre», mais des qualités pédagogiques de Jean-Paul Betbèze, très bon vulgarisateur, qui explique simplement les enjeux de l’économie et de son appel à une action rapide et déterminée.

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