Etats-Unis : le dynamisme du secteur de l’informatique et de l’électronique

La désindustrialisation qui touche la plupart des économies développées cache une progression de l’industrie en valeur absolue. Certains secteurs ont même connu une formidable expansion au cours des dernières décennies, à l’image du secteur des TIC aux Etats-Unis.

 

L’industrie américaine est portée par l’informatique et l’électronique
 

Malgré son poids déclinant dans le produit intérieur brut américain au cours des dernières décennies, la richesse créée par l’industrie n’a cessé de progresser outre-Atlantique. L’analyse de la contribution des différents secteurs à la valeur ajoutée générée par l’industrie manufacturière révèle toutefois des réalités très contrastées. Les données de l’OCDE présentées ci-dessous proposent un découpage en huit catégories.

 

Evolution de la valeur ajoutée dans les différents secteurs manufacturiers (prix courants)


Source : OCDE (STAN)

Les différents secteurs s’inscrivent en progression depuis 1970, mais deux d’entre eux se distinguent plus particulièrement : la catégorie « machines et matériels » et la catégorie « produits chimiques caoutchouc plastiques, pétroliers et autres produits minéraux non métalliques », dont la valeur ajoutée nominale a été multipliée respectivement par 8 et 12. Toutefois, lorsque l’on s’intéresse à la valeur ajoutée réelle, c’est-à-dire corrigée des variations de prix, on observe que c’est surtout le secteur de l’informatique et de l’électronique qui a connu une croissance singulière.

 

Evolution de la valeur ajoutée réelle dans les différents secteurs manufacturiers


Source : OCDE (STAN)


Cette mesure conduit à relativiser la croissance de la catégorie « produits chimiques caoutchouc plastiques, pétroliers et autres produits minéraux non métalliques ». En effet, la forte progression de la valeur ajoutée nominale dans cette catégorie à partir des années 2000 s’explique en bonne partie par l’augmentation du prix des hydrocarbures.

A l’inverse, on remarque l’explosion de la valeur ajoutée réelle dans la catégorie « machines et matériel » à partir du milieu des années 1990. En décomposant cette catégorie on constate que la croissance est entièrement imputable au secteur des produits informatiques électroniques et optiques qui représentait en 2010 un quart du PIB réel généré par l’industrie manufacturière. Ceci s’explique principalement par une baisse des prix corrigés pour tenir compte des changements dans la qualité dans le secteur de l’informatique et de l’électronique. Typiquement, à puissance inchangée, le prix des ordinateurs a chuté de 10 à 20 pourcents par an. Par conséquent, si la puissance des ordinateurs double sans se traduire par une augmentation des prix, on peut considérer que la production réelle d’ordinateurs a été multipliée par deux ou que le prix réel des ordinateurs a été divisé par deux1.

 

Evolution de la valeur ajoutée réelle dans « machines et matériel »

Source : OCDE (STAN)

 

L’informatique et l’électronique ne pèse pas autant dans les économies européennes

Le secteur des produits informatiques électroniques et optiques ne joue pas un rôle aussi déterminant en Allemagne et encore moins en France et en Italie comme le montre le tableau ci-dessous. En Allemagne, le secteur de informatique et de l’électronique a connu une croissance rapide mais ne représente encore que 10% du PIB réel généré par l’industrie. Par ailleurs, d’autres secteurs ont progressé depuis les années 2000 à l’image du secteur des machines et de l’équipement. En France, le secteur de l’informatique et de l’électronique progresse sensiblement mais reste modeste (6,6% du PIB réel généré par l’industrie). En Italie, il joue un rôle marginal et ne progresse pas depuis le début des années 1990.

 

Evolution comparée du secteur :
« Produits informatiques, électroniques et optiques » dans différents pays

Source : OCDE (STAN)

 

Le poids et le dynamisme du secteur de l’informatique s’explique selon certains experts2 par les subventions massives dont il a bénéficié, notamment dans le cadre de programmes militaires, qui ont permis l’émergence et le développement de leaders mondiaux. En Europe, le soutien au secteur a été moins important et s’est révélé moins efficace.

Plus généralement, les pays de la zone euro ont une spécialisation plus traditionnelle dans l’industrie (l’automobile, l’agroalimentaire ou encore la métallurgie). Ceci n’empêche pas la zone d’afficher une balance commerciale excédentaire et il n’est pas évident qu’il leur faille développer à tout prix une spécialisation dans le secteur de l’informatique et de l’électronique, sur lequel les Etats-Unis, le Japon ou encore la Chine se livrent une concurrence féroce3.


1.Voir Martin Neil Baily et Barry P. Bosworth. 2014. “US Manufacturing: Understanding Its Past and Its Potential Future”. Journal of Economic Perspectives-Volume 28, Number 1-Winter 2014-Pages 3-26.
2.Voir notamment C. Genthon, « Croissance et crise de l’industrie informatique mondiale », Syros, 1995.
3. Jean-François Jamet. 2007. « Où va l’industrie européenne ? » Fondation Robert Schuman, Questions d’Europe n°82, décembre.

 

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