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Les constats et les préconisations de H. Dubreuil, aujourd’hui 

JP Schmitt présente dans ce working paper les idées de H. Dubreuil, un ouvrier du siècle précédent qui a su analyser son vécu du travail salarié et en tirer des constats et des préconisations encore d’actualité aujourd’hui.

Dans le papier intitulé « Les constats et les préconisations de H. Dubreuil, aujourd’hui », à télécharger dans cet article ci-dessous, notre intention est de mettre à la disposition des salariés à tous les niveaux hiérarchiques de l’entreprise des pratiques très concrètes sur l’amélioration des conditions de travail et des relations professionnelles.
Pour ce faire, nous présentons dans ce working paper les idées de H. Dubreuil1, un ouvrier du siècle précédent qui a su analyser son vécu du travail salarié et en tirer des constats et des préconisations, qu’il a exprimés dans une vingtaine d’ouvrages publiés de 1923 à 1971 et qui sont encore d’actualité aujourd’hui.

Certaines étaient probablement en avance sur le temps de réflexion des dirigeants de l’époque. Sont-elles plus conformes aujourd’hui ? Beaucoup répondraient parfaitement aux problèmes de notre temps, en particulier pour la relance de l’activité à laquelle nous allons faire face et qui demande un fort engagement de chacun.

En voici quelques points clés, classés en quatre thèmes.

Par rapport à la personne

Selon Dubreuil, la seule propriété de l’ouvrier est son métier ; il l’exprime dans la dédicace de son ouvrage « Promotion » : « A la mémoire de mon père, pauvre manœuvre, qui ayant été humilié pendant toute sa vie d’être sans métier, voulut m’en donner un ».
La dignité est pour Dubreuil une qualité essentielle ; il la rend à l’ouvrier en lui confiant la responsabilité de son travail et l’autonomie nécessaire. L’équipe autonome, promue par Dubreuil, permet à l’ouvrier d’avoir une indépendance analogue à celle de l’artisan, sans en avoir les soucis de gestion. Il souhaite enfin que les dirigeants prennent soin d’assurer à l’ouvrier la satisfaction des trois bases de la vie de l’ouvrier : physique, intellectuelle et sociale.

Par rapport à la motivation

Les sources de la motivation sont pour Dubreuil une préoccupation essentielle. Il disqualifie « tous les systèmes inventés jusqu’ici pour exciter les hommes à travailler, et les systèmes ‘scientifiques’plus que les autres, ont été de tenter d’enfermer la personnalité humaine dans une sorte de mécanique destinée à obtenir du travail par force ».
En effet, l’homme n’est pas « une machine inerte et dépourvue de mobiles internes ». La situation est mauvaise s’il est impossible de faire œuvre créatrice et si toute activité intelligente est interdite. Or, ceci ne dépend pas de la machine, mais de la façon dont on répartit le travail entre elle et la personne. L’énergie de l’ouvrier est paralysée par la privation d’espoir, par l’horizon qui est fermé ; il ne peut pas « courir sa chance ».
C’est pourquoi, « toute activité matérielle doit rester liée à l’activité spirituelle à laquelle elle donne lieu ». Il faut découvrir que la motivation ne peut pas venir d’une contrainte externe, elle doit venir de l’ouvrier lui-même, « par l’effet d’une volonté spontanée ».

Par rapport à l’organisation

Dubreuil critique vivement la façon dont est fixé le salaire de l’ouvrier, qui est indexé sur le coût de la vie et non sur la valeur du travail fourni.
Dans une formule ramassée dont il a le secret, Dubreuil exprime ainsi sa pensée : « Au lieu d’acheter leur temps, il faut acheter leur travail. Au lieu de les commander, il faut leur donner une commande. »
Il emprunte à J.B. Godin cette recommandation : « Au lieu de fixer une valeur au temps de l’ouvrier, il faut fixer une valeur au produit à créer ; une fois ce prix débattu et accepté, l’homme, en face de son travail, ne relève plus que de lui-même ».
Alors, comme l’expriment ces ouvriers : « Nous ne sommes plus des salariés, mais réellement des fournisseurs, ni plus ni moins libres que les fournisseurs du dehors ».

Par rapport à la société

Dubreuil est très attaché à la participation avertie du citoyen à la vie politique et pense que le fonctionnement de l’entreprise organisée selon ses recommandations peut y contribuer efficacement. Il évoque en particulier l’apprentissage de la responsabilité, dont la conquête « est plus importante que celle de la propriété ». Il souhaite que « l’école de la responsabilité » ne soit pas réservée à une minorité, mais participe à « l’élévation de tous ».
Il fait une hypothèse intéressante qui reste très fortement d’actualité : « L’état d’esprit de la population de ce que l’on appelle les « banlieues rouges » mériterait donc d’être analysé attentivement. Il constitue certainement un sous-produit d’une organisation sociale qui parque une partie de la population dans un « système » de vie anormal ». Pour lui, l’extrémisme se développe chez les hommes qui ne trouvent pas « d’aliment spirituel » dans leurs conditions d’existence.

Pour en savoir plus et mettre en pratique les enseignements de Dubreuil, nous vous proposons, dans cet article à télécharger ci-dessous, de pénétrer plus avant dans ses écrits, que nous avons classés en 10 thèmes pour en faciliter l’appréhension :

  1. l’équipe autonome,
  2. l’intérêt du travail,
  3. la réponse aux aspirations des salariés,
  4. le développement de la personne,
  5. la liberté,
  6. la rémunération
  7. l’organisation du travail,
  8. le contenu moral du travail,
  9. la vie sociale hors entreprise,
  10. mélanges

 

Ce working paper vient en complément de l’étude sur l’autonomie des entreprises réalisée par La Fabrique de l’industrie et la Chaire FIT2 en janvier 2020.

1 – Apprenti à 14 ans, ouvrier qualifié en mécanique, inspirateur de consultants en organisation, délégué de la France au Bureau international du travail, membre correspondant de l’Académie des sciences morales et politiques.

JP_Schmitt

Jean-Pierre Schmitt

Jean-Pierre Schmitt est Professeur titulaire de Chaire honoraire du Conservatoire national des arts et métiers, ancien professeur à l’Insead et au sein des trois business...

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