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Réaction au commentaire de La Fabrique de l’industrie à propos du « Manifeste pour l’Industrie »

Points de vue de Gabriel Colletis

Nous sommes tout d’abord heureux de constater les nombreuses convergences entre les appréciations portées par La Fabrique de l’industrie et nos analyses et propositions.

Puisque La Fabrique a néanmoins émis quelques critiques, nous souhaitons y répondre afin de préciser nos positions et poursuivre un dialogue important et constructif.

La première critique concerne le peu de cas que nous ferions de la place des services, y compris ceux n’étant pas en prise directe avec l’industrie. S’agissant de ces derniers, nous admettons le bien-fondé cette critique en précisant toutefois que ces services (le plus souvent non-marchands, comme l’Université) ne peuvent être considérés comme faisant du « système productif ». Ces services, par ailleurs, accomplissent une mission d’intérêt général (ici, la formation des étudiants, la recherche qui n’est pas toujours une recherche orientée ou orientable par les besoins de l’industrie) en partie autonome, c’est-à-dire n’entrant pas dans le champ des besoins immédiats ou directs des entreprises.

La deuxième critique est que l’on ne saurait négliger le souci (sous-entendu « légitime », aux yeux de la Fabrique de l’Industrie) de modération du coût du travail. Là encore, nous sommes d’accord. Mais le risque nous paraît à l’opposé : ne considérer le travail que comme un coût. Nous considérons que la bataille de la compétitivité ne peut plus aujourd’hui passer centralement par la seule maîtrise des coûts et des prix. Jamais le coût salarial à l’unité produite ne pourra, en France, descendre aussi bas que dans les pays dits de « délocalisation », quelles que soient les réformes du financement de la protection sociale. La bataille de la compétitivité doit être livrée sur le terrain de la qualité des produits et de l’innovation. Pour cela, les entreprises ont moins besoin de salariés « tayloriens » que de salariés « cognitifs », associés aux décisions.

La troisième et dernière critique concerne le besoin des entreprises de disposer de marges bénéficiaires pour investir et développer les compétences de leurs salariés. Besoin aussi de capital qu’elles doivent pouvoir attirer en le rémunérant par des dividendes ou par l’espoir de plus-values. Là aussi, nous convergeons en n’ignorant pas toutefois qu’une part trop importante des bénéfices réalisés par les grands groupes est aujourd’hui absorbée par les dividendes alors que le marché primaire des actions ne sert que marginalement à financer les groupes concernés.

Il ne s’agit donc pour nous ni d’opposer services et industrie, ni de condamner le profit, mais bien de penser le devenir d’un « système productif » combinant efficacement industrie et services et fonctionnant de manière à satisfaire l’ensemble des parties prenantes, en premier lieu celles qui apportent les compétences et les capitaux durables dont les entreprises ont besoin pour assurer leur avenir.

Gabriel Colletis

Professeur agrégé de Sciences économiques à l’université de Toulouse 1 et membre du conseil d’administration de l’Association Française d’Economie Politique, Gabriel Colletis a...

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