L’énigme de l’investissement

L’investissement des entreprises a de nouveau progressé en 2016, plus rapidement encore qu’en 2015, ce qui devrait augurer de belles perspectives pour l’économie française. Depuis plusieurs années pourtant, le niveau particulièrement élevé de l’investissement en France ne s’est pas traduit par le dynamisme économique qu’il aurait théoriquement dû générer. Le décalage est même tel que, depuis la fin de la crise, de nombreux experts s’interrogent sur les origines du « mal-investissement » français.

Les entreprises françaises sont parmi celles qui investissent le plus en Europe. Dans le secteur industriel, ces dépenses se sont élevées à près de 80 milliards d’euros en 2015, soit un taux d’investissement de 29,3 % de leur valeur ajoutée. Les faibles performances enregistrées en parallèle, tant en termes de croissance que de gains de productivité, laissent supposer que ces dépenses pourraient être plus efficaces ou qu’elles sont en partie consacrées à des dépenses improductives.

Les prix élevés de l’immobilier et le poids de la réglementation sont les deux hypothèses les plus souvent avancées pour expliquer cette faible efficacité de l’investissement. Une analyse détaillée conduit toutefois à écarter la première et les statistiques actuellement disponibles ne permettent pas de corroborer la seconde. Les chiffres sur la répartition de l’effort d’investissement révèlent en revanche une concentration extrême : 3 000 entreprises réalisent 70 % des dépenses d’investissement et le taux d’investissement des PME reste nettement en-deçà de la moyenne.

Les pouvoirs publics devraient s’attaquer à ce déséquilibre, mais les principales mesures de soutien ne ciblent pas ces entreprises les plus fragiles. Dans la continuité de premiers résultats encourageants, l’action publique devrait donc davantage aider les PME à s’engager dans des projets plus innovants, source de croissance et de compétitivité.

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