Les grandes entreprises sur la voie de la sobriété énergétique

La présente étude, menée en collaboration avec KPMG, apporte des éléments de compréhension sur la réalité de la décarbonation des grandes entreprises industrielles françaises et sur la façon dont elles se saisissent de ce défi.

La crise énergétique récente a replacé la sobriété énergétique au cœur des préoccupations des entreprises en général et des entreprises industrielles en particulier. Celles-ci s’apprêtent à renforcer leurs investissements verts en vue de réduire leurs dépenses énergétiques. Cette conjoncture s’inscrit en outre dans un contexte réglementaire de plus en plus contraint. Les entreprises doivent répondre à une réglementation nationale et européenne qui fait la chasse aux émissions de CO2 pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

En France, la stratégie nationale bas carbone (SNBC) fait de l’industrie le troisième secteur de décarbonation en volumes d’émissions à abattre à l’horizon 2030 et 2050, après les secteurs des transports et du bâtiment. D’ici 2030, les émissions industrielles devront avoir été réduites de 45 % par rapport à leurs niveaux de 2015 d’après la mise à jour de la SNBC (dite « SNBC3 ») attendue d’ici 2024. Cela implique de tripler le rythme annuel de décarbonation des entreprises industrielles par rapport à la moyenne des trente dernières années.

En pratique, la décarbonation des entreprises revêt des modalités très différentes sur le terrain, avec des leviers et des obstacles variés. La présente étude cherche donc à faire le point, en apportant des éléments de compréhension sur la réalité de la décarbonation des grandes entreprises françaises – industrielles notamment – et sur la façon dont elles se saisissent de ce défi. Elle s’interroge sur le poids et les spécificités des grandes entreprises, sur les leviers qu’elles mobilisent concrètement et les freins qu’elles rencontrent sur le terrain. L’étude repose sur une enquête menée en collaboration avec KPMG et réalisée auprès d’un échantillon de 38 grandes entreprises françaises, essentiellement industrielles, afin d’identifier leurs grands arbitrages en vue de réduire leurs émissions de GES. Un travail complémentaire d’exploitation de bases de données, de revue de littérature et d’études de cas permet d’étayer et d’enrichir les enseignements de cette enquête. Par cohérence avec le panel, le travail statistique ainsi que les études de cas se concentrent sur le périmètre de l’industrie.

Ainsi, l’ensemble des 38 grandes entreprises interrogées au cours de l’enquête dispose à ce jour d’un plan de transition énergétique. Mais l’enquête révèle que les grandes entreprises restent prudentes au moment du passage à l’acte. Elles privilégient encore les leviers historiques et maîtrisés de l’efficacité énergétique, en jouant notamment sur l’éclairage et le chauffage (100 % des répondants), le recours à des machines moins énergivores (86 % des répondants) ou le rendement des équipements et installations (83 %). Or, l’accélération de la décarbonation de l’industrie ne saurait faire l’économie de chantiers plus ambitieux, comme l’électrification des machines (60 % des répondants) ou encore la réduction des émissions de procédés, dont les fortes retombées environnementales reposent sur les efforts d’une poignée de grandes entreprises.

Cette prudence des grandes entreprises pose la question du soutien de l’État pour appuyer les plans d’investissements et assumer une partie du risque financier. La lourdeur des investissements est ainsi identifiée dans l’enquête comme le principal frein à la transition énergétique des grandes entreprises.

Enfin, la réduction des émissions indirectes de scope 3, produites de façon diffuse sur l’ensemble des chaînes de valeur (liées à l’approvisionnement en matières premières, au transport de marchandises, aux prestations de services, etc.), est un chantier encore plus lointain pour les entreprises. À défaut de bouleverser leurs stratégies d’approvisionnement (48 % des répondants) et de distribution (10 % des répondants), elles privilégient pour l’heure la collaboration avec leurs fournisseurs (72 %) et le développement de la seconde vie de leurs produits (59 %).

Cette Note s’adresse aux dirigeants d’entreprises, décideurs publics, chercheurs, étudiants et citoyens souhaitant comprendre les enjeux liés à la décarbonation des grandes entreprises.

 

 

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