Emplois industriels menacés par la crise énergétique, le MACF et l’IRA : une estimation

L’industrie européenne doit faire face simultanément à la suppression des quotas gratuits d’émissions du fait de la mise en place du MACF, la hausse des coûts de l’énergie et l’instauration de l’IRA aux États-Unis.

Ce Working Paper s’appuie sur une étude menée conjointement avec le cabinet Oliver Wyman.

Les entreprises industrielles se heurtent aujourd’hui, en France et en Europe, à trois menaces qu’elles ressentent comme complémentaires et qui ont toutes à voir avec la problématique de la décarbonation de l’industrie : le maintien à des prix durablement élevés de l’énergie en Europe, la mise en place prochaine du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’UE (et la suppression afférente des quotas gratuits d’émissions de CO2), et l’instauration d’aides aux entreprises particulièrement attractives aux États-Unis dans le cadre de l’Inflation Reduction Act.

Le propos de ce document est d’estimer, de manière qualitative et quantitative, l’ampleur de chacune de ces menaces, traduite en emplois exposés, pour chacun des secteurs industriels français. Dans l’ensemble, nous estimons que près de 155 000 emplois industriels sont aujourd’hui menacés en France par ces trois phénomènes conjugués (tous les chiffres de ce document s’entendent en effectifs salariés en équivalent temps plein, sur le périmètre statistique de l’industrie manufacturière hors secteurs de l’imprimerie et de l’installation/réparation de machines).

Ce travail statistique nous livre deux questions. La première est de se demander ce que peut devenir l’industrie européenne si elle reste aussi intensément tiraillée entre l’amont des chaînes de valeur (producteurs d’acier, d’aluminium, de verre…) soumis à des contraintes de prix intenables et un « corps » plus ou moins capable d’en encaisser les contrecoups. Que reste-t-il alors de cette idée de solidarité le long des filières et l’idéal de souveraineté industrielle ? La deuxième vient à la suite de la première et s’énonce plus simplement encore : comment l’Europe peut-elle espérer réduire son empreinte carbone en pareille situation, si elle ne parvient pas à stabiliser la situation sur le marché de l’énergie ?

A la suite de sa parution, ce Working Paper a été enrichi et a donné lieu à une Note qui apporte des compléments d’analyse, notamment des retours d’entretiens avec les représentants des grandes filières industrielles, et affine les résultats d’estimation du volume d’emplois industriels menacés par les trois facteurs étudiés.

David Lolo, Vincent Charlet et Ahmed Diop, « Crise énergétique en Europe et protectionnisme américain. La réindustrialisation compromise ? », Les Notes de La Fabrique, Paris, Presses des Mines, 2023

WP_Crise énergie en europe
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